Dans Panique au ministère, la comédienne interprète une soixante-huitarde qui n’accepte pas de vieillir. Dans la vie, elle est bien dans sa tête et dans ses baskets. Entretien sans concession.
FRANCE-SOIR. Etes-vous, comme votre personnage, une jouisseuse ?
AMANDA LEAR. Je suis totalement d’accord avec l’idée qu’il faut profiter de la vie. Mais, contrairement à Cécile, je n’ai pas un langage de charretier. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de discipliné, très solitaire, angoissé et sauvage. Bien loin de l’image que l’on veut bien donner de moi. Je ne fume pas, je ne bois pas, et je suis un régime strict. A force de jouer ce personnage, je vais finir par m’identifier à lui (rire) !
Cécile est attirée par les hommes plus jeunes. Est-ce votre cas ?
Oui. Il faut dire qu’à mon âge les choses s’inversent. Les petits jeunes s’intéressent à nous. Ça ne me dérange pas de les emmener en soirée et de leur payer un verre. Je regrette d’ailleurs qu’il n’y en ait pas plus qui m’attendent à la sortie avec un bouquet de violettes. J’en rêve.
Avec un tel emploi du temps, vous n’avez plus le temps de courir les soirées mondaines…
Oui. C’est la seule chose que je regrette vraiment. Je ne fais plus partie des people. Mais, en contrepartie, j’ai gagné en crédibilité. Je commence à être intégrée à la grande famille du théâtre. Christian Clavier et Michel Bouquet sont venus me voir jouer. Je suis devenue « bankable ». Les gens qui me crachaient dessus il y a quelques années s’intéressent à moi aujourd’hui. TF1 a d’ailleurs proposé de m’écrire un personnage de série. On m’a également proposé de faire de la publicité.
Seriez-vous prête à accepter n’importe quel projet ?
Je ne me vois pas faire une publicité sur les dentiers et les couches pour les grands-mères. Ça ne me dérangerait pas, en revanche, de vendre de la moutarde en tenue léopard.
La a télévision ne vous manque-t-elle pas ?
Ça fait plusieurs années que j’avais envie de monter sur les planches. Par manque de temps, j’ai dû refuser plusieurs propositions de Jérôme Savary. La télévision italienne est devenue si désastreuse que j’ai eu envie de passer à autre chose. Présenter des reality-shows avec des filles à gros nichons ne m’intéressait plus. Aujourd’hui, je regrette toutes ces années que j’ai passées à présenter des émissions idiotes. Ma plus grande fierté, c’est d’avoir réussi à convaincre le public et les professionnels. Il y a un an, les gens me voyaient comme une chanteuse disco qui se qui se prenait pour une actrice. Je crois qu’ils ont été bluffés.
Votre train de vie a tout de même dû changer…
Oui, mais j’ai découvert un plaisir que je ne connaissais pas encore. Le théâtre, c’est très contraignant et vous êtes très mal payé. A la télévision, vous gagnez facilement entre 10.000 et 15.000 euros pour faire l’andouille pendant deux heures. Au théâtre, les cachets dépassent rarement 400 euros par représentation. Le point positif, c’est que j’ai beaucoup maigri depuis que je suis sur scène.
Souhaitez-vous poursuivre votre carrière sur les planches ?
Pourquoi pas ? Je crois que j’ai attrapé le virus de la scène. C’est le seul endroit où nous ne pouvons pas tricher. Nous ne pouvons pas faire du play-back comme les chanteurs ou lire des prompteurs comme les animateurs télé. Jean-Claude Camus (NDLR : agent de Johnny Hallyday et directeur du théâtre des Nouveautés) m’a déjà proposé deux ou trois pièces. Je vais y réfléchir.
Avez-vous une petite manie avant de monter sur scène ?
J’entrouvre le rideau pour regarder les gens qui sont dans la salle. En général, je vois des maris qui ont été contraints à venir et des mémères qui somnolent. Ma plus grande récompense, c’est de les entendre rire pendant la représentation et de voir qu’ils ont retrouvé la banane.
Panique au ministère, de Jean Franco et Guillaume Mélanie, mise en scène de Raymond Acquaviva. A partir du 20 janvier au théâtre des Nouveautés, à Paris. Du mercredi au vendredi à 20 h 45, le samedi à 17 h 30 et à 21 heures, le dimanche à 16 heures. Tarifs : de 15 à 38 euros. Réservations : 01.47.70.52.77.
Amanda Lear en toute intimité
« Je suis blonde. Mais contrairement aux blondes, réputées connes, je suis une nana insolente, provocante, dérangeante », lance l’ex-animatrice télé avec le franc-parler qui la caractérise. Propos acerbes, phrases chocs, Amanda Lear n’a pas la langue dans sa poche. Avec franchise, dérision et ironie, la muse de Dali signe avec Je ne suis pas du tout celle que vous croyez un autoportrait flamboyant et révèle la fragilité d’une femme à la vie exaltante mais aussi soucieuse de préserver ses jardins secrets.
Je ne suis pas du tout celle que vous croyez, d’Amanda Lear, éd. Hors Collection, 224 p., 18 euros.
Edition France Soir du jeudi 7 janvier 2010 page 23 par Ingrid Bernard, le jeudi 7 janvier 2010 à 04:00
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