mardi 29 juin 2010

Amanda Lear s'expose en mémoire de Dali



Photo François Vignola pour Nice Matin




Égérie de Dali, vedette du disco, comédienne aboutie, « Grosse tête » à ses heures, Amanda Lear présente ses tableaux à la Galerie Princesse de Kiev
Elle fait tout pour se rendre insupportable mais c'est tellement énorme que l'on n'y croit jamais totalement. Au bras de Nicolo, un éphèbe italien de vingt ans, Amanda Lear débarque à la galerie en artiste conquérante. Choisit l'angle. Le décor. Le profil. Pas question de tenter un « cadrage rigolo ». Le sujet - son expo - est sérieux.



« Je mourrai peintre », martèle Amanda qui s'est souvent dispersée mais revient toujours à son « premier amour ». Depuis 1965, année de sa rencontre avec Salvador Dali, elle persiste à vouloir lui donner tort : « La première chose qu'il m'a dite, c'est que le talent est un bien exclusivement masculin. J'ai pensé : quel sale con ! »

Les relations se sont très vite améliorées : « Notre amour a duré plus de quinze ans. » Égérie de Dali, Amanda Lear voyait en lui beaucoup plus qu'un artiste. « Si notre histoire avait été purement sexuelle, elle aurait pris fin en trois semaines. Pour moi, Dali était à la fois un père, un amant, un gourou, un frère, un complice. »

Amanda se félicite d'avoir légèrement infléchi son jugement : « Un jour, il a fini par me tendre ses pinceaux. Au bout de deux heures, je lui ai montré mon tableau. Il m'a dit : C'est pas mal. Pour une femme... »

Amanda Lear explique avoir eu beaucoup de mal à se remettre de sa disparition, en 1989. « Il avait occupé une telle place dans ma vie que je me suis sentie un peu paumée, livrée à moi-même. »




« Échappatoire »




L'héritage est resté, avec une parenté flagrante dans les dessins à l'encre de Chine, très enlevés. C'est moins vrai des tableaux d'Amanda, où l'on reconnaît « amore Nicolo » sous les traits d'un baigneur athlétique. Normal. Chez lui, en Italie, le beau gosse est champion de natation.

On dit parfois que cette peinture est violente. « C'est une échappatoire », répond Amanda. « Dans mon métier, nous avons tous des addictions qui nous aident à lutter contre les angoisses et la peur du lendemain. Pour certains, c'est la drogue ou l'alcool. Moi, je peins. »

Pourquoi le disco, la télévision et les shows ? « Brian Jones et David Bowie m'ont poussée. La chanson m'amusait, mais ce n'était qu'un accident de parcours. »

Faute de vivre de sa peinture, Amanda Lear partira bientôt en tournée avec une pièce à succès, Panique au ministère. Sans regret. Car cet autre métier « paie très bien le loyer ». Tant pis pour l'art : « Il aurait fallu magouiller. Tripoter les enchères pour faire monter la cote. Non, merci. Dans ma peinture, je ne veux pas de compromis. »


L’héritage de Dali, et parfois « amore Nicolo » sous les traits d’un baigneur.





Galerie Princesse de Kiev, rue Valperga.




Franck Leclerc pour Nice Matin

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