mercredi 23 juin 2010

Amanda Lear: “Je me fous de mon image”

Une pièce qui cartonne, Les Grosses Têtes , encore et toujours, et une série que TF1 lui mitonne. Amanda Lear va bien, merci…



BRUXELLES Amanda Lear n’est pas une dame comme les autres. Plus que tout, elle semble aimer se positionner là où l’on ne l’attend pas. Avec un look presque branché, alors qu’elle affiche 70 (!) printemps au compteur. Au théâtre, où elle se sublime dans ce qui n’est jamais que son premier rôle, dans Panique au ministère, vaudeville politicomique et accessoirement un des cartons parisiens de l’année (qui passera par nos planches en novembre 2010 et courant 2011, on vous en reparlera). Et même, en décidant d’aller se balader alors qu’une horde de scribouillards l’attend, ponctuellement, sur une célèbre terrasse du bois de la Cambre.




Une impulsivité qui a fait de cette muse de Dali, cette pote de Bowie, cette amie fidèle de Philippe Bouvard, une des personnalités les plus atypiques de l’Hexagone.
Succès au théâtre oblige, avec ce rôle qu’elle “adore” et pour lequel “elle a travaillé dur” et “stressé ferme”, les propositions de scripts, forcément, affluent. “Des dizaines ! Il y a quelques mois, c’était plus simple, je n’en avais qu’un…”
Et de confirmer que TF1 planche bien sur une série autour de son personnage : “On est en train de finir l’écriture d’un scénario. C’est le rôle d’une femme inspirée de moi, qui envoie des railleries à tout va. Ce sera drôle, mais avec une réalisation sérieuse, inspirée de ce qui se fait en Amérique…”
La télé, outre le disco, “où j’ai réussi parce que j’étais une grande blonde présente au bon moment”, est un des chapitres de la vie artistique touffue d’Amanda. “J’ai fait pas mal de télé, en Italie, à une époque où la télévision était nettement moins mauvaise qu’aujourd’hui, où seule la télé française lui tient tête sur le plan de la médiocrité. La télé-réalité est le degré moins zéro de la télévision. Or, elle pullule ! On m’en a proposé, moi, des fortunes pour aller en Afrique, avec leurs zèbres… Hors de question. Jamais !”




C’est que pour Amanda, la télé, comme la scène, la musique et la radio, doit être un vecteur de divertissement. “J’entends par là divertissement dans le sens anglais du terme, et du verbe to entertain : divertir, amuser. Casser le quotidien. C’est ce qu’on fait sur scène, à Paris, depuis un an : on tente de faire oublier le nuage de cendres, la marée noire, Sarkozy, à ceux qui viennent. C’est une bataille à gagner, à coups de rires qu’il faut aller chercher. Or, la télé-réalité, elle ne casse pas ce quotidien, elle le montre ! Où est l’intérêt, et le facteur amusant, dans le fait de voir un imbécile se brosser les dents en slip ?”
Et à l’époque où, plus que jamais, c’est le règne de l’image qui domine sur la société, comment Amanda Lear gère-t-elle la sienne, atypique et haute en couleur ? “Il y a deux choses que je ne suis pas : nostalgique et attentive à ce qu’on pense de moi. Il ne m’arrive jamais d’écouter un de mes anciens disques, et de me murer dans une espèce d’état d’esprit de Ah qu’est-ce que c’était bien, les années disco… Je m’en fous. C’est l’avenir qui importe. Quant à mon image, je ne cherche plus à contrôler ce qu’on peut penser de moi.”
Et d’envoyer une petite pique à ses interlocuteurs : “On a beau passer deux heures avec les journalistes, leur parler de nos états d’âme, d’à quel point la solitude est un sentiment merveilleux, tout ce qu’ils écriront, c’est qu’Amanda Lear adore les petits minets… Alors à quoi bon ? Allez, rit-elle, écrivez ce que vous voulez ! Mais avec une belle photo !” Sacrée Amanda…




Interview > Alexis Carantonis

© La Dernière Heure 2010

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