« L’ARGENT DE LA VIEILLE » AU THEATRE LIBRE
par Agnes Falco ...
Pour son retour sur les planches après ses deux précédents succès Panique au ministère et Qui a peur de Baby Jane, Amanda Lear joue la vieille que l’on adore détester dans une version actualisée du classique de la comédie italienne Lo Scopone scientifico. Il s’agit de la deuxième adaptation au théâtre après celle de Robert Thomas en 1981 du film de Luigi Comencini sorti en 1972, qui nous présente Jean-Luc et Pierrette, invités régulièrement chez la vieille qui aime à les plumer dans un jeu inégal de belote.
Crédit Louis Josse
Amanda, la reine Lear. Si elle aime à cultiver le mystère en laissant planer le mystère sur son âge, Amanda Lear a l’énergie de la jeunesse atemporelle. Est-ce du cynisme ou une vision lucide des rapports humains qui seraient insupportables sans une touche d’humour vachard ? Tour à tour perfide ou (faussement ?) attentionnée envers son entourage, elle joue de manière délicieuse avec le public de son regard perçant et de ses répliques cinglantes, qui font mouche à chaque fois.
Crédit Louis Josse
Une distribution quinte flush. La présence, la drôlerie et l’incroyable énergie dégagées par Amanda Lear auraient pu conduire à un déséquilibre.
Bien au contraire, ses partenaires de jeu (tant à la belote que sur scène) ne déméritent pas, puisque chacun des interprètes fait ressortir les caractéristiques sous-jacentes qui animent son personnage :
Crédit Louis Josse
La distance du majordome interprété par Olivier Pagès qui, faute d’avoir pu devenir le compagnon deviendra le damoiseau de compagnie de la milliardaire.
Le naturel et les pieds sur terre (bien qu’elle soit affectée de claudication) d’Anastasia, la jeune fille du couple, campée par Jeanne Perrin, qui est femme de chambre chez la Vieille.
L’idéalisme ou la naïveté du père joué par Atmen Kelif.
Le pragmatisme de la mère, incarnée par Marie Parouty, qui finit par se perdre dans une envie de toujours plus.
Crédit Louis Josse
Bien qu’en pleine farce, les personnalités sont plus travaillées en ombres et lumière qu’il n’y paraît de premier abord. Les lumières de Denis Koransky parcourent tantôt le public ou dardent leurs rayons sur la diva, habillée des tenues fantasques de David Belugou. Le décor Art Déco de Nicolas Delas richement coloré et graphique plonge tantôt le public au cœur du salon de la riche demeure, avec une vue sur la Tour Eiffel scintillante et les Invalides, tantôt lui donne à voir ce qui se passe à l’extérieur de la propriété de celle qui fait le tour du monde en suivant le printemps.
Théâtre Libre, 4 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris
Du mercredi au samedi à 21h00
(Partenariat=> Elles ont été invitées mais ça ne change rien, elles ont vraiment adoré puisqu'elles ont fait l’article à la suite :)
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