samedi 13 octobre 2018

Bordeaux : Amanda Lear, invitée d’honneur du FIFIB, "l’occasion de parler de films que j’aime"

L’ex-mannequin, chanteuse et animatrice radio et télé est l’invitée d’honneur du festival de cinéma. Entre ce mercredi et samedi elle y présente trois films avant une rencontre avec le public. Avant-goût :




On connaît vos carrières de mannequin, de chanteuse ou d’animatrice radio et télé. On a l’impression que vous avez un peu délaissé le cinéma. Ce n’est pas surprenant de vous retrouver invitée d’honneur du Fifib ?

C’est vrai que j’ai toujours préféré le théâtre au cinéma. D'ailleurs, je viens jouer au théâtre à Bordeaux ou Mérignac depuis des années. Dans le théâtre, on travaille sur le long terme, on peut corriger ce qui ne va pas d’un soir à l’autre, alors que dans le cinéma, une fois que c’est dans la boîte, on ne peut plus rien faire. J’ai tourné quelques films avec Gérard Depardieu ou Virginie Efira, j’ai fait des tas de téléfilms, mais ce que je regrette, c'est qu'on ne me propose souvent que des rôles caricaturaux de mères un peu fofolles.

Du coup, j'ai été un peu étonnée que le Fifib m'invite mais je trouve toujours intéressant de me montrer. Ce sera l'occasion de parler des films dans lequel j'ai joué, et de films que j'aime.

Le plus surprenant est peut-être " Les chaussons rouges " avec lequel vous débutez votre carte blanche mercredi après-midi. On ne vous connaissait pas forcement cet intérêt pour la danse classique ?

Ce n'est pas tellement la danse classique qui m’intéresse dans " Les chaussons rouges ", c'est plutôt le cinéma en technicolor et ses couleurs criardes. Il y a dans ce cinéma des années 45-50, une magie qu'on a pas encore retrouvée depuis. J'ai aussi choisi ce film parce que j'aime les comédies musicales. J'aurais pu aussi présenter '' Chantons sous la pluie "" ou "" Un américain à Paris "". Et puis, il y a des effets techniques extraordinaires pour l'époque (1948 NDLR) dans " Les chaussons rouges " : Un montage inventif, des incrustations d'images.Dans une séquence, on a l'impression que l'héroïne
danse sur la mer.



Le temps fort de votre venue devrait être votre intervention autour du documentaire " Dune " : Ce film pharaonique qu'Alejandro Jodorowsky n'est jamais parvenu à tourner...

Je me souviens qu'il était venu à Barcelone dans les années 73-74.J'étais avec Salvador Dali à l'époque. Jodorowsky était venu le supplier de jouer le rôle de l'empereur de la galaxie. J'avais du expliquer à Dali avec qui il avait affaire. Il a exigé d'être payé 100 000 dollars la minute. Les producteurs du film ont calculé que ça rentrait dans leur budget à condition de ne pas dépasser les 6 minutes.
Voyant ça, Dali a exigé que je joue la fille de l'empereur. Et puis, il a voulu des girafes en feu, des hélicoptères. Il cherchait tout ce qu'il pouvait faire pour ne pas avoir le rôle.Dans le même temps, Orson Welles, Mick Jagger ou Moébius avaient eux aussi des exigences incroyables. Tout ça a fait que le film n'a pas pu se faire. Et au final, Jodorowsky a été content. Il aurait eu du mal à gerer toutes ses personnalités. Il a été conforté dans son sentiment quand il a vu le film qui a fini par être tourné ( par David Lynch en 1985 avec notamment Kyle Maclachlan et Sting NDLR )
Cela dit le documentaire sur ce tournage avorté qui sera projeté au Fifib est très bien fait. On y voit plein de  dessins préparatoires, on suit bien l'histoire de ce projet. C'est juste dommage que le réalisateur n'a pas interviuwer Dali ou Pasolini ! Tous morts, j'ai l'impression d'être la survivante d'une époque préhistorique. C'est comme pour  les films qui sont entrain d'être tournés sur Dali. Il y a actuellement en tournage à Londres, avec Ben Kingsley dans le rôle de Dali. Un projet existe aussi en Catalogne. Ça me fait bizarre de voir des gens qui jouent mon rôle en me faisant dire des choses que je n'ai jamais dites. Il paraît qu'il n'y a pas de recours possible contre ça. Moi, j'ai vécu une quinzaine d'années avec Dali. Je connais plein de petits détails sur sa façon de vivre. Je n'apprécie pas du tout de le voir réduit à une caricature.

C'est au contact de Salvador Dali que vous avez travaillé la part de mystère qui entoure votre personnage ?

Non, Dali ce n'était pas le mystère mais plutôt la provocation inspiré par sa haine du bourgeois. C'était un surréaliste, on retrouve cela chez Gainsbourg. Pour ce qui est du mystère, c'est plutôt David Bowie qui m'a marquée. Son coté intouchable, difficile à approcher, ses interviews dans lesquelles il jouait avec les journalistes.

Et comment passe t-on de Salvador Dali, David Bowie aux " Grosses Têtes " de Philippe Bouvard ?

Je sais on m'a reproché de faire des émissions populaire, de pas rester dans une position élitiste, mais le grand public est nécessaire dans la vie d'un artiste. Regardez Arielle Dombasle, elle a un statut d'icône et a toujours rêvé d'aller aux " Grosses Têtes " Être invité dans cette émission, c'est une sorte de légion d'honneur. Il faut être cultivé, avoir de la répartie, ce n'est pas donné à tout le monde. Moi ce qui me plait, c'est que ça me permet de montrer que je sais faire rire autant que je sais faire rêver.



Le troisième film que vous avez retenu pour votre carte blanche est " Sueurs froides " Pourquoi ce Hitchcock la et pas " Psychose " ou " L'homme qui en savait trop " ?

Ce n'est pas le meilleur de Hitchcock mais c'est quand même un film extraordinaire, et c'est le meilleur film avec Kim Novac. Kim Novac est une actrice à part. Dans ce film, elle ne joue pas exceptionnellement mais elle est très bien dirigée par Hitchcock. C'est ce qui lui donne cet air mystérieux dans une histoire ou on ne comprend pas tout. J'ai vu un millier de fois " Sueurs Froides " et j'ai toujours du mal à comprendre qui meurt à quel moment.
Quand en 1973, j'ai été contacté par le groupe Roxy Music pour la pochette de leur album " For your Pleasure ". Je suis allé chez le chanteur Brian Ferry. Il y avait un grand piano blanc avec une photo de Kim Novac. Il voulait que je m'en inspire pour la photo qu'on allait prendre de moi. Présenter "" Sueurs Froides ""  c'est ma manière de rendre hommage à Hitchcock et Kim Novac.

Y a t il un film dans lequel vous auriez rêvé jouer ?

Qu J'aurais aimé travailler avec Féllini, les grands metteurs en scène italiens. Féllini m'a dit, tu es trop belle ! Moi, je cherche des naines, des grosses ...... Il voulait que je grossisse ! A table, il me disait .....
Manges, manges les pâtes ....Mangia, mangia la pasta !

Votre vrai nom est Amanda Tapp ?

Interrompant brutalement ... Non, non pas du tout ! Amanda Lear, c'est mon vrai nom. Je l'ai toujours gardé, même quand je me suis mariée. Tout ce qu'on peut lire sur moi, sur Wikipédia est faux !

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