vendredi 24 septembre 2021

Amanda Lear : « Je peins aujourd'hui exactement tout ce que détestait Dalí »

 Elle incarne Joan Crawford, face à Michel Fau en Bette Davis, au théâtre de la Porte Saint-Martin. Alors qu'elle sort un nouvel album acoustique, « Tuberose », la star rêve surtout de retourner en Provence, pour peindre et s'occuper de ses oliviers.


Une pièce de théâtre, un nouvel album… vous n'arrêtez jamais ?

En réalité, je ne voulais plus continuer ! J'en avais assez de jouer les sexy rigolotes au boulevard et de chanter du disco. J'étais très bien chez moi, en Provence, à m'occuper de mes oliviers. Mais Michel Fau est venu me chercher. Difficile de dire non à son projet. Dans « Qu'est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ? » (1) , j'incarne Crawford à la fin de sa vie. La star déchue a perdu sa beauté et est hantée par la mort. Enfin un rôle grave, profond, où je peux être autre qu'une copie de moi-même ! Quant au nouvel album, il est né d'un déclic : la très belle chanson « La Rumeur » écrite par Alexis Michalik m'a donné l'envie d'enregistrer tout un album en français, avec des reprises de Barbara, Bashung, Moustaki (2). Exit le disco, je chante accompagnée d'une guitare et d'un piano.


En sortant de scène, vous êtes plutôt du genre amis-restos ou taxi dodo ?

Je suis d'une discipline prussienne, comme disait Marlene Dietrich. Vous savez, la fête, je connais… Quand je fais du théâtre, je m'y consacre à 100 %. Pas question de me coucher tard. Comme à la longue, le régime « tranche de saumon et au lit », c'est un peu tristounet, j'accepte quelques dîners, mais jamais au-delà de 23 h 30. Je soigne mes réveils le matin, vérifie ma voix. Et j'arrive trois heures en avance à la Porte Saint-Martin, histoire de m'imprégner du théâtre et de ses fantômes.

Aucune récréation alors ?

Comme j'ai du temps devant moi, je m'adonne à quelques occupations distrayantes dans ma loge : déguster du chocolat noir et faire des mots fléchés, ça entretient la mémoire.

Votre principal menu plaisir, n'est-ce pas la peinture ?

Ce n'est pas un menu, mais un grand plaisir. J'ai fait les Beaux-Arts et je voulais être peintre. Salvador Dalí m'en a dissuadée. J'en ai donc fait un hobby. Et je peins aujourd'hui exactement tout ce que détestait Dalí : de grands bouquets de fleurs pleins de couleurs. Avec le ciel de Provence pour horizon et de la musique en fond sonore.

Quel genre de musique écoutez-vous ? Pas du disco ?

J'ai des goûts très éclectiques : la soul période Motown, Wagner, la chanson italienne… A mes débuts de chanteuse, poussée par David Bowie, je voulais faire du rock. Ma maison de disques allemande m'a fait enregistrer du disco. J'ai vendu 25 millions d'albums, j'ai été sacrée Disco Queen… Je ne regrette rien, mais aujourd'hui je préfère définitivement la chanson à texte.

Le lieu pour vous ressourcer, pas de mystère, c'est la Provence…

Quand je suis venu m'installer il y a des années à côté de Saint-Rémy, certains amis m'ont dit : pourquoi tu vas dans ce trou et pas à Saint-Tropez ? Finalement, tout le monde m'a suivie. Chacun vit à l'écart dans de grandes maisons et on ne se voit que lorsqu'on s'invite. Vive la solitude !

Là, tout de suite, qu'est-ce qui vous ferait le plus plaisir ?

Qu'on m'offre un passeport français. Car j'ai un passeport britannique, figurez-vous. Du temps où la Grande-Bretagne faisait partie de l'Europe, ça m'était un peu égal, mais depuis le Brexit… ça me gêne. J'aimerais bien être Française à part entière !

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