jeudi 17 avril 2014

Amanda Lear " Interview nuit ! "

 
 
Est-ce que tu connais vraiment Amanda Lear ? Je ne te parle pas de l’Amanda Lear des Grosses Têtes, ou des plateaux de télé berluscosniens, non, je te parle de l’Amanda Lear égérie de Dali, amante de Bowie, de Jagger, de Brian Ferry, de celle qui fut la disco-queen du Palace et du Studio 54, de celle qui s’en mis plein le porte-pipe alors que t’étais pas né. Ça te dit quelque chose ? Non ? Lis cette interview.
Amanda Lear, quelle a été la nuit la plus folle de votre vie ?

J’ai des bribes de souvenirs d’une soirée complètement dingue où je me suis retrouvée dans un hôtel avec Sammy Davis Jr qui fumait plein de pétards. Je ne me rappelle pas de tout car je pense sincèrement qu’on m’avait servi un Mickey Finn…
 
Un Mickey Finn ?

Un Mickey Finn, c’était un peu l’équivalent du GHB d’aujourd’hui. C’était le terme pour désigner une boisson alcoolisée dans lequel des gens mettaient de la drogue à votre insu. Bref, j’ai complètement perdu les pédales et on m’a retrouvée au petit matin à l’Hilton de Londres avec toute une bande de freaks. Quand j’y pense aujourd’hui, je me dis qu’à l’époque, je n’avais peur de rien.

 
 
On aime souvent vous questionner sur vos célèbres et nombreux amants (David Bowie, Brian Ferry, Brian Jones, Salvator Dali…) Parmi ces hommes, lequel était le plus fêtard ?

Je pense que Brian Jones était le plus fêtard, il traînait tout le temps au Speak Easy, il se droguait beaucoup, il perdait la notion du jour et de la nuit, il se réveillait au milieu de la nuit en demandant où il était…
 
Le plus couche-tôt ?

 Je pense que Brian Ferry était assez équilibré par rapport à David Bowie ou à Mick Jagger… Brian Ferry, il aimait la peinture, les beaux-arts, la culture, le cinéma. Il avait une jolie maison. Il était vraiment plus sérieux que les autres.
 
 
Pour revenir sur Brian Jones, est-il vrai que par amour, vous vous êtes faite arrêter en possession d’amphétamines à Londres ?

Oui, comme il n’avait pas de sac à main, je trimballais dans le mien ses amphétamines. Un jour, on se fait arrêter par les flics, et lui, vu qu’il avait déjà des antécédents avec la police, il m’a demandé de leur dire que c’était les miennes. Je me suis donc retrouvée en garde à vue. J’ai fini par leur expliquer que comme j’étais mannequin, le docteur m’avait prescrit des amphétamines comme coupe-faim pour maigrir. Ça ne les a pas convaincus, et j’ai fini au tribunal. À cause de cette histoire, j’ai été interdite de chez Castel pendant un bon bout de temps.

                                           Amanda lear John Crittle à droite Brian Palastanga
                                                      Arrivant au tribunal à Londres !
 
Évidemment, vous n’échapperez pas à une question sur Dali. Est-il vrai qu’il n’avait recours à aucune substance pour créer ses « hallucinations » picturales ?

C’est vrai que Salvador Dali ne prenait pas drogue, il était même complètement contre. Il aimait beaucoup l’idée du L.S.D, parce que tous les drogués qui venaient lui raconter leurs visions. Ça l’intriguait beaucoup. Dans sa jeunesse, il picolait un petit peu jusqu’au jour où il est tombé raide par terre. Le docteur lui a ensuite interdit formellement de boire de l’alcool pour le restant de ses jours.
 
Est-il vrai qu’il dégustait de l’eau comme le meilleur des vins ?

Oui, quand il buvait de l’eau minérale, à chacune de ses gorgées, il regardait en l’air et disait qu’il voyait aussi des arc-en-ciels, des chérubins qui volent partout, des papillons. Il me disait qu’on n’avait pas besoin de la drogue pour avoir des visions. À cette époque, on s’en rendait pas compte avec mes amis, car on était dépendants aux substances. J’ai compris ce qu’il disait bien plus tard.
 
 
 
 
Vous dites souvent que vous êtes quelque peu frustrée d’avoir été trop étiqueté « Disco », bien que vous ayez vendu des millions d’albums, et que certains de vos morceaux soient devenus mythiques (Tomorrow, Queen of China Town, Follow me, etc…) Pourquoi d’après vous y-a-t-il eut cette adéquation entre ce style musicale, votre personnalité, et le public ? (votre ambiguité, votre sensualité, votre gay-friendlyité, ou gay-compatibilité)

J’étais blonde, j’étais mannequin, j’étais mignonne, plutôt mince, mais ça ne suffisait pas. Donc j’ai voulu complètement me modeler sur les bandes dessinées de l’époque. À la fin des années 70, il y avait Barbarella, Pravda la surviveuse, Vampirella. toutes ces filles incroyables, sexy, en bottes, c’étaient les superwomen d’aujourd’hui. J’ai voulu m’inspirer d’elle, et plus particulièrement, d’Octobria, une super héroïne russe, du coup j’ai fait une série de photo avec une kalashnikov à la main, et ça a crée un personnage très agressif. Ça n’avait rien à voir avec les chanteuses de l’époque, avec les Nana Mouskouri, les Vartan… c’était des chanteuses rassurantes. Moi, je voulais être le contraire, être dérangeante. C’est ce côté-là qui a accroché dès le départ, ce n’est pas ma musique. Après, on m’a beaucoup identifiée aux soirées sado-maso, aux orgies sexuelles, j’étais un porte-manteaux pour les fantasmes homos et hétéros. Grâce à ça, mes disques passaient à la radio. Cela explique en partie les raisons de mon succès.


 
 
 
Vous avez des nouvelles d’Anthony Monn ?

Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Après moi, je sais qu’il a travaillé avec d’autres groupes, mais c’est vrai que grâce à lui, on a vendu des millions de disques. C’est lui qui a écrit Follow me, c’est lui qui a écrit la plupart de mes titres, moi je n’écrivais que les paroles. C’était vraiment un producteur différent des autres. On était à une période disco, très boum-boum, lui, il a eut le premier l’idée des faire au synthé des nappes de violon, des harmonies, des envolées. C’était différent de la disco allemande habituelle.
 
Jeune, Rocco Siffredi se masturbait sur vos passages télévisuels en Italie. Les hommes-objets, c’est votre truc je crois, non ?

C’est ce qu’il m’a dit en effet, qu’il se tirait sur la nouille en me regardant à la télé. Après, en ce qui concerne les hommes, je dissocie totalement le sexe du sentiment. L’idéal, pour le sexe, c’est en effet ce genre d’homme. On n’est pas amoureux, on ne va pas se tenir la main en regardant un coucher de soleil, non, on est là pour s’envoyer en l’air, point barre. Plus il y a de bestialité, de cul, mieux c’est.

 
 
Vous venez de sortir My Happiness, un album de reprise des chanson d’Elvis à la sauce Amanda Lear. Offrirez-vous un exemplaire à Dick Rivers, qui est également un grand fan du King ?

Oui… Je connais bien Dick, j’ ai tourné un film avec lui au Portugal il y a 3 ans. Il jouait un fantôme, on a joué une scène rigolote où il me pinçait les fesses.
 
Quel conseil donneriez vous à un jeune qui aimerait percer dans le show-biz ?

Il ne faut pas coucher pour y arriver, il vaut mieux y arriver pour coucher. Éviter à tout prix les télé-réalités, ça ne mène nulle part. C’est un métier où il y a 10 000 déceptions, on en prend plein la gueule, il y a des humiliations, des refus… Il faut vraiment se blinder. En plus, aujourd’hui, les choses ont beaucoup changé, si l’on fait un single qui ne marche pas, on passe à la trappe. Les choses sont plus dures qu’à l’époque où j’ai débuté. Il vaut mieux toujours se garder une porte de sortie, un vrai métier, comme repeindre le plafond ou faire des hamburgers. Ça peut toujours servir
au cas où.

                                                         CollaKate pour Amanda Lear

 
Et pour se faire connaître dans les médias ?

La provoc’, c’est imparable.
 
Pour conclure Amanda, la nuit, c’était mieux avant ?

Je trouve que la nuit a beaucoup changé. Au début des années 80, le Sida n’était encore qu’une rumeur, et on pouvait se faire tirer dans les chiottes sans arrière-pensées. Les gens ont plus peur de se lâcher, je les comprends, mais je trouve ça dommage. Je ne suis pas sûre qu’on s’amuse autant qu’il y a une trentaine d’année.

Amanda Lear. My Happiness (Boomlover/Universal Music)
Interview : MPK / Photo : Alix Malka – Boomlover
 
 




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