Amanda Lear: « Je ne suis pas scandaleuse, je suis libre »
Par Sandra Casalini pour L'Illustré Magazine .... Click and Go
Elle est chanteuse, actrice, présentatrice, peintre. Amanda Lear a travaillé et vécu avec des personnalités de renommée mondiale. L’ancienne muse de Salvador Dalí expose actuellement son art à Zurich.
Amanda Lear au bar de l’hôtel Baur au Lac. «J’ai souvent fait du théâtre à Zurich. Un public formidable.» Thomas Buchwalder....
Lorsque Amanda Lear passe la porte du bar du Baur au Lac, à Zurich, c’est comme si un vent de glamour soufflait dans la salle. Mais aussitôt que l’on est assise devant un cappuccino pour discuter avec cette artiste de 83 ans, on a l’impression de bavarder avec une bonne copine.
- Amanda Lear, vous avez récemment subi une opération du cœur. Comment allez-vous?
- Amanda Lear: Au départ, je voulais me faire opérer à Zurich par Thierry Carrel, qui a une très bonne réputation. Puis mon amie Brigitte Macron m’a convaincue de faire l’opération à Paris, chez sa fille Laurence, qui est cardiologue. J’ai été un peu choquée de devoir payer d’avance. Ils n’avaient pas l’air très optimistes sur la réussite de l’intervention (rires). Tout s’est bien passé. Mais les problèmes de santé ont changé quelque chose dans ma vie.
- Qu’est-ce que ces problèmes ont changé?
- J’ai découvert dans mon propre corps l’importance de la santé. Avant, je dépensais tout mon argent en parfums et en maquillage. Maintenant, je fais la plupart de mes achats en pharmacie, principalement toutes les vitamines qui me tombent sous la main (rires). La santé mentale est tout aussi importante que la santé physique, surtout dans mon métier.
- Que voulez-vous dire?
- Le secteur du divertissement est dangereux. J’ai vu beaucoup de gens se réfugier dans la drogue ou l’alcool. Ma thérapie a toujours été la peinture. Cela me clarifie l’esprit. Je DOIS peindre, tous les jours.
- D’où vient cet amour pour la peinture?
- Enfant, j’aimais déjà jouer avec les couleurs. Adolescente, j’ai fréquenté une école d’art à Londres, puis une autre à Paris. C’est là que j’ai été découverte comme mannequin, ce qui m’a bien arrangée, car ces jobs me permettaient de financer ma vie. Mais la peinture est restée mon grand amour.
- C’est pourquoi, lorsque vous avez rencontré Salvador Dalí, vous l’avez abordé en tant que peintre et non en tant que modèle?
- Exactement. C’était après un défilé de mode Paco Rabanne. Dalí m’a demandé si j’étais mannequin, j’ai répondu: «Non, nous sommes des collègues de travail.» Il disait qu’une femme ne pouvait pas être peintre. Je l’ai détesté. Le lendemain, je suis quand même allée dîner avec lui et il était si charmant. Je l’adorais. C’est ainsi qu’a commencé une relation longue de quinze ans.
On spécule toujours sur la nature exacte des liens entre les deux artistes. On dit généralement qu’Amanda Lear a été la muse de Salvador Dalí, qui était marié. Sa relation avec le musicien de Roxy Music Bryan Ferry est plus claire. Après avoir fait la couverture de l’album iconique «For Your Pleasure» en 1973, ils ont été fiancés pendant un certain temps.
- Cette pochette de disque, sur laquelle vous tenez une panthère en laisse, apparaît encore aujourd’hui sur des t-shirts et des posters. Vous avez dû gagner une fortune avec.
- Vous savez combien j’ai été payée à l’époque? Vingt-cinq dollars!
- Vraiment? J’espère que la bague de fiançailles de Bryan Ferry valait plus!
- (Rires.) Grâce à lui, j’ai pu entrer dans le monde de la musique. J’ai rencontré les Rolling Stones, Freddie Mercury, Elton John et David Bowie.
Pendant deux ans, elle entretient une relation avec David Bowie. Il l’encourage à prendre des cours de chant. Elle décroche un contrat d’enregistrement en Allemagne, où sort son premier album en 1977, qui fait d’elle une reine du disco. Le disque se vend à 28 millions d’exemplaires dans le monde. Lorsque la vague disco s’essouffle, elle déménage à Milan, où Silvio Berlusconi l’engage comme présentatrice TV. Elle y vit pendant dix ans.
- En Italie, vous êtes encore aujourd’hui une icône de la télévision. Pourquoi avez-vous tourné le dos au pays?
- Eh bien, mon ami italien était un peu trop italien à mon goût. Il avait une liaison avec une présentatrice météo. Cela n’allait tout simplement pas. «Finito Italia». Plus d’hommes italiens. Je suis partie en France et j’ai commencé à faire du théâtre, ce que je fais encore aujourd’hui avec un grand plaisir.
- Où une cosmopolite comme vous est-elle chez elle?
- Je vis dans le sud de la France. Mon pays, c’est là où se trouvent mon chat, mes tableaux et mes oliviers. J’aime vivre seule. Je me promène comme je veux. Je n’ai de comptes à rendre à personne.
- Eh bien, à votre âge…
- Je déteste qu’une phrase commence comme ça! L’âge est un nombre, et les nombres sont pour les mathématiciens. Sois blonde, brune ou rose, porte des minijupes, regarde les jeunes hommes. Qui décide de ce que l’on peut faire à partir d’un certain âge? Certains me qualifient de scandaleuse. Je ne suis pas scandaleuse, je suis libre.
La vie d’Amanda Lear n’est pas seulement marquée par l’un ou l’autre scandale, mais aussi par quelques coups du sort. Au milieu des années 1980, elle est impliquée dans un grave accident de voiture. En 2000, son deuxième mari, l’acteur et collectionneur d’art français Alain-Philippe Malagnac d’Argens de Villèle, meurt des suites de l’inhalation de fumée lorsqu’un incendie se déclare dans leur maison près d’Avignon.
- Quel a été l’impact de ces tragédies sur vous?
- Elles ont été de grandes leçons d’humilité. La vie m’a montré que je n’étais pas intouchable. Après avoir perdu mon mari et ma maison, il m’a fallu beaucoup de courage et d’énergie pour repartir de zéro. Vous savez quoi? Chaque jour qui passe, j’ai de plus en plus hâte de retrouver mon mari dans l’au-delà.
- Vous ne regrettez pas le «bon vieux temps»?
- Les temps n’étaient pas meilleurs, j’étais simplement plus jeune. Nous regrettons le passé, nous craignons l’avenir et nous oublions de vivre dans le présent. Je ne fais plus de projets. Je ne sais même pas où je vais passer Noël.
- Ne venez-vous pas de signer un contrat pour un film sur votre vie?
- Oui, c’est drôle, non? Après tout, je ne suis pas encore morte. Mais d’ici à ce qu’il sorte, je le serai peut-être.
- Avez-vous montré vos propres tableaux à Dalí avant sa mort?
- Oui. Il m’a dit: «Pas mal, pour une femme.» (Sourire.) Il détesterait mon style actuel. Beaucoup de fleurs, beaucoup de couleurs, c’est très doux. Mais je fais aussi des dessins à l’encre de Chine, que je dilue. Ils sont faits en dix minutes, très spontanés, très émotionnels. Je dessine souvent des hommes nus. De tête, je n’ai pas de modèle.
- Il n’y a plus d’hommes dans la vie d’Amanda Lear?
- Pas dans ce sens-là. Cela ne m’intéresse plus. La boutique est fermée.
Zoom sur…Amanda Lear
Il y a autant de mythes autour de son enfance que sur son nom de naissance, jusqu’à la rumeur qui dit qu’elle serait née garçon. Elle-même flirte avec son image androgyne. Des tubes comme «Follow Me» l’ont rendue célèbre en tant que reine du disco.
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