samedi 22 juin 2013

Amanda Lear , un diamant à facettes par Pierre-Michel ! Un admirateur qui donne ses lettres de noblesse à ce mot !




                                                          
 
 
La pochette est un coup de tonnerre, l'album une catastrophe. Après la laideur pseudo-surréaliste ratée de l'illustration du précédent opus, pourtant magnifique Never Trust a Pretty Face, on confie à deux jeunes artistes français, Pierre et Gilles, la réalisation de la pochette du 4e album de la reine du disco, Diamonds for Breakfast. Ce sera leur première contribution avec l'industrie du disque e...t le résultat est un chef d'oeuvre spectaculaire de luxe et de beauté dont les lettres-miroir illumineront les bacs et les vitrines des disquaires du monde entier. Car l'album se vend, surtout en Scandinavie et même en Turquie ou au Liban, ce qui est presque incompréhensible tellement le contenu est quasi inaudible. Porté par Fabulous (Lover, Love Me) qui le préfigure et qui donne l'occasion à Amanda Lear d'offrir parmi ses plus belles prestations télévisées, le reste de l'album est indigent, parfaitement désinvolte, tout simplement et objectivement mauvais, malgré la même production et les mêmes acteurs aux manettes, et une tournée mondiale aux directs… tout aussi catastrophiques. Ce sera le chant du signe que ne sauvera même pas l'album suivant, Incognito, qui marquera l'arrêt de la collaboration allemande, alors que le phénomène disco se meurt, et la fin de la crédibilité musicale d'Amanda Lear sur la scène internationale. Elle ne résistera pas alors au baiser de la mort, à l'appel de Berlusconi et encore moins au montant stratosphérique de son cachet pour cette nouvelle carrière transalpine : celle de présentatrice spirituelle et glamour d'émissions de variété à l'Américaine dégueulantes de paillettes et de luxe, dignes des pires ringardises de Las Vegas, mais qui rassemblent chaque samedi soir 14 millions de téléspectateurs et rendent Berlu encore plus riche. Malgré neuf autres albums (!), il faudra attendre 2009 pour qu'un jeune artiste italien, Enrico Deadstar Petrelli  offre à Amanda Lear un double album (Brief Encounters) qui permettra de retrouver les délices des premières écoutes et la qualité inégalée de Never Trust a Pretty Face, exactement trente ans après…




Never Trust a Pretty Face. Troisième album en deux ans. Amanda Lear exténuée et lucide écrit des textes sombres sur la solitude, la mort, l'amour fou et le manque de tendresse, la beauté trompeuse, dangereuse et sur la jet set dont elle est devenue la reine futile et ridicule. Son plus bel album, peut être le moins commercial mais le plus achevé, le plus élaboré, fruit d'un réel génie musical qui ...va bien au-delà du simple produit de consommation. La production, toujours menée par le visionnaire Anthony Monn, débauche toutes les cordes du philharmonique de Munich et les titres balancent entre le déferlement rythmique, le tapis électronique et les envolées symphoniques. Amanda, au sommet de sa beauté, apparait sur la pochette la plus hideuse de sa carrière mais ses apparitions télévisées sont des réussites totales et elle sera l'une des femmes les plus photographiées au monde avec Farrah Fawcett, autre phénomène médiatique. Fashion Pack sera un succès planétaire, mais c'est The Sphinx qui restera sa plus belle chanson jamais écrite, un rêve désabusé d'éternité glacée.
 
 
 
 

Réécouté ce matin au casque. 1978. La France qui jusqu'à présent s'adonnait à Sheila et Gérard Lenorman succombe enfin au ras de marée Amandélire, comme on a surnomme déjà, et à la tentation faustienne, thème de la face A (5 chansons programmées sans interruption). Sweet Revenge est l'album qui consacrera définitivement Mother sur la scène musicale internationale, porté par l'hypnotique Follow Me ...qui reste aujourd'hui encore son titre symbole. Pressé dans l'Europe entière jusqu'en Israël, aux Etats-Unis jusqu'au Venezuela, de l'Inde au Japon en passant par l'Australie, Sweet Revenge a été mon entrée dans le monde ambigü d'Amanda Lear : j'éteignais systématiquement la radio ! Et un jour, j'ai ouvert l'album en deux volets et découvert les photos intérieures. A mon tour je succombais à ce sourire et me laissais définitivement apprivoiser par la VOIX.

                                     

Was meine Frau? Tu veux faire du rock ?! Ferme-la et regarde bien le nombre de zéros qu'il y a sur le chèque. Tu feras du disco made in Germany !
Munich, 1977, les séances d'enregistrement s'enchaînent jusqu'à 4 heures du mat, noyées dans le whisky et la fumée des Gitanes et pour aggraver encore la voix. I Am a Photograph est le titre choisi par Amanda en souvenir de sa carrière de porte-manteaux... et le premier single s'intitulera Blood and Honey en hommage à un tableau de Salvador Dali, La Miel es más dulce que la sangre. Amanda Lear écrit ses textes et démode instantanément la scène disco habituée aux gémissements de Donna Summer et aux paroles de merde, quand il y en a. Elle sera la Grace Jones blanche, une héroïne agressive de bande dessinée pour adultes, transgressive et mystérieuse, dangereuse et ambigüe malgré ses photos à poil dans Playboy payées une fortune. Mais la bombe à retardement est pour bientôt : Queen of Chinatown finira de propulser Amanda Lear dans les étoiles et faire d'elle une superstar au Japon et partout ailleurs dans le monde jusqu'au Zimbabwe sauf... en France, l'irréductible petit village gaulois. Mais la scène gay lui voue déjà un culte et Fabrice Emaer a le projet d'un temple de la nuit : Le Palace. Elle en ouvrira bientôt les portes un fouet à la main pour un concert d'anthologie dont Hervé Guibert fera un compte-rendu pour Le Monde.


On l'a vue un peu partout cette fille incroyable, eurasienne à la beauté stupéfiante, à Londres dans les défilés déjantés de Mary Quant ou Ossie Clark, à l'arrière des bus parisiens en sous-tifs Charmel ou dans les défilés Chanel (Coco Chanel lui conseillant de marcher "le con en avant", classe Coco…), fatale sur la pochette de For Your Pleasure de Roxy Music en cuir une panthère noire en laisse (...pochette devenue mythique), avec David Bowie, Brian Ferry, Marianne Faithfull, Brian Eno, John Lennon, Paco Rabanne, Andy Warhol tous hypnotisés, et surtout Salvador Dali dont elle devient l'inspiratrice et l'amie intime, à Paris ou Cadaquès. Et voilà en 1975 son premier single made in Germany, finie la carrière de porte-manteau, elle veut exister. Stupéfaction générale : c'est quoi cette nana qui chante avec une voix de mec sur une reprise d'Elvis Presley, mais il n'en est pas question ! On ne la passe nulle part, c'est trop tôt, c'est trop dérangeant, à part dans quelques clubs underground et un passage télé à Musikladen en Allemagne. Flop total. Mais après cette petite claque donnée à ses chers petits bambins apeurés, la Belle prépare sa métamorphose et son coup de poing, son uppercut phénoménal : un premier album "I Am A Photograph" qui contiendra la bombe Queen of Chinatown.

1 commentaire:

  1. qui a ecrit cet article...?
    Donna S et Boney M sont aussi made in germany... on s'en souvient encore. La grace Jones blanche OUI|||| tout a fait ça...

    Jean-Michel Capricornus

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