Dans tout Paris, sur les colonnes Morris, dans le métro, sur les mosaiques, on ne voit qu'elle !
Celle qui va nous sortir de la crise de ces prédécesseurs .....
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Tout est question de timing dans la vie. À un an des présidentielles, la divine Amanda Lear souhaite emporter la mise dans La Candidate. La suite de Panique au ministère n’en finit pas de croquer les travers de la politique en suivant une famille frappadingue dans les coulisses du pouvoir. Jean Franco et Guillaume Mélanie multiplient les punchlines et les situations tordantes avec bonheur, boostés par la mise en scène très alerte de Raymond Acquaviva. Taillée sur mesure pour l’ouragan Lear, cette comédie politique sans prétention remplit son job avec panache : une bonne tranche de rire sans prise de tête.
Colonne Morris dans tout Paris
Cécile Bouquigny n’a peur de rien : la Ministre de la Jeunesse et des Sports se lance impulsivement dans la course à l’Élysée. Rien de moins. À trois mois de la fin de ses fonctions, il convient de donner un coup d’éclat à sa carrière monotone. Pour la conseiller dans sa nouvelle aventure, elle peut compter sur le soutien d’une cellule familiale pas très enthousiaste à l’idée du carnage… Sa fille Gaby n’en peut plus de devoir tout gérer ; son beau-fils Éric tente de se lancer en politique tout en calmant ses dérapages ; Louis, le mari de sa petite-fille Sarah enceinte jusqu’au cou et accessoirement ex-ministre de l’Éducation se comporte comme un gamin immature. Bref, une équipe de bras-cassés unie pour lutter contre la candidature d’un autre membre du parti…
Le beau Midas en reproduction géante dans le cabinet de la ministre, il est la !
Il vous couvre de tout son or ! Il donne à la pièce tout le succès que celle ci mérite !
Allez y en nombre, on rigole dès que le premier son de voix se fait ouir !
La Candidate ne manque pas de sel ni d’atouts comiques dans sa manche : ancrée dans une actualité concrète, elle brosse le portrait d’un monde politique bien peu reluisant entre magouilles, scandales, coucheries et concours d’ego. Le piment parodique ne s’éloigne finalement pas de la réalité dans la mesure où tous les moyens sont bons pour se faire une place au soleil.
Sirotant son Mojito .... On est en plein déLear ....
( Mais tu as vu comme elle est gaulée !!!!!! Murmures du public,
Quand la Candidate arrive sur son transat ....)
La qualité des dialogues, bourrés de bons mots savoureux, participe à la dynamique globale de la pièce : débitées en rafales, les piques tordantes d’Amanda Lear font mouche à tous les coups. La muse de Dalí n’est pas Sarah Bernhardt et ne s’en cache pas : elle reste cependant une véritable queen dont le charisme n’est plus à prouver. Sa seule présence attire immédiatement la sympathie et elle possède un bagout à faire peur. Adepte du langue « djeun’s » (et des maillots de bain Tam-Tam moulants), émaillé de « bolosses », « zizir » et autre « bitch », Reine Amanda prend manifestement un pied d’enfer à jouer les gaffeuses professionnelles et nous avec ! Ce lâcher-prise régressif fait beaucoup de bien au moral et même si le niveau de jeu ne casse pas des briques, le plaisir qu’elle a de partager ses délires scéniques est sacrément contagieux.
Pour autant, le reste de la distribution ne s’avère pas sacrifié : dans le rôle du toyboy, Édouard Collin fait des merveilles tout en ne se cantonnant pas seulement à être une caution sexy (encore des progrès à faire mais l’implication est bien palpable et quelle fougue !) ; Raymond Acquaviva est à pleurer de rire en trouillard incompétent et castré ; Marie Parouty déménage en fille hyperactive et débordée par les événements ; Camille Hugues s’amuse en petite-fille neuneu et Lydie Muller est parfaite en chipie narquoise.
Final
Camille Hugues, Raymond Acquaviva, Amanda Lear,
Marie Parouty, Edouard Collin, Lydie Muller
Satire contemporaine et légère de la dépravation de nos mœurs politiques du décor de cet univers opportuniste tout en élevant une femme au sommet de l’État (et malgré ses bévues journalières, ce n’est pas rien). Amanda Lear y nage comme un poisson dans l’eau avec la force sereine d’une comédienne consciente de son pouvoir de séduction. On soutient à fond cette candidate si attachante (malgré son addiction aux joints et aux mojitos… !).
LA CANDIDATE de Jean Franco et Guillaume Mélanie.
Mise en scène de Raymond Acquaviva.
Théâtre de la Michodière. 01 47 42 95 22. 1h30.