vendredi 24 septembre 2021

Michel Fau et Amanda Lear sur scène : Crêpage de chignons féroce et drôle à Hollywood

 Michel Fau et Amanda Lear sur scène : Crêpage de chignons féroce et drôle à Hollywood 



Dans «Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ?», actuellement au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris, les deux comédiens campent les deux stars de cinéma américaines s’écharpant copieusement.


Mais qu’elles sont vilaines et méchantes, ces deux harpies que nous composent avec une délectation visible, et contagieuse, les impayables Michel Fau et Amanda Lear, qui fait son retour au théâtre, actuellement sur la scène de la Porte Saint-Martin. Ils sont côte à côte dans « Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ? » de Jean Marboeuf, un face-à-face grinçant et drôle, acidulé, touchant aussi, de deux vieilles pies qui (dé)chantent et persiflent.


Perruque et maquillage outrancier, Michel Fau qui met en scène campe une Bette Davis de mauvais rêve quand Lear prête à Joan Crawford sa silhouette et sa voix reconnaissable entre mille.


Grandes rivales, les deux stars de l’âge d’or de Hollywood se détestaient cordialement. Elles ont néanmoins tourné ensemble dans « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » de Robert Aldrich, l’histoire d’un affrontement féroce entre deux sœurs, fidèle reflet à l’écran de l’ambiance exécrable qui a régné sur ce tournage long et pénible, les deux se livrant une âpre bataille pour un oui ou un non…


Langage charretier de Bette Davis contre faux airs altiers de Joan Crawford

Sous la forme d’une correspondance fictive, mais basée sur des faits réels, c’est cet affrontement qu’on nous expose. Des missives truffées de vacheries que les deux s’expédient, ou qu’elles adressent à d’autres, au réalisateur notamment, pris à témoin, sinon en otage, par ses deux actrices ingérables et odieuses. Au langage de charretier de Davis répondent les faux airs altiers de Crawford, deux façades d’un même déclin en coulisses.

Elles sont has been, démodées, et le savent bien. Ce tournage est leur ultime chance d’un retour sur le devant de la scène. Alors elles tiennent, se fardent et s’apprêtent, mais s’écroulent et se décomposent une fois caméra et projecteurs éteints. L’assurance se fissure. En creux se dessine le portrait de la gloire qui s’étiole chez qui a tutoyé les sommets. Comme une drogue, le plus difficile avec la gloire, c’est la descente.

« Bécasse », « Sudiste crasseuse » et autres « connasse », Davis est ordurière, ombrageuse. Dans sa robe blanche et sa perruque blonde, Michel Fau s’en délecte. Evidemment joueur, il est cette fantasque poupée hallucinée et hallucinante. Un bonbon. Amanda Lear en fait moins, plus sobre – malgré la vodka que s’envoie son personnage – et se prête au jeu de la déchéance avec malice. Dans une mise en scène vaporeuse comme un songe, un peu flottante, ces pantins horrifiques amusent et, singulier, ce rendez-vous se savoure comme tel.


Direct link from Le Parisien ...Sylvain Merle Journaliste ...Click !






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire