Une vieille comtesse milliardaire au tempérament explosif organise à chaque étape de ses voyages une partie de cartes en promettant sa fortune à qui la battra. A Paris, ses victimes sont Jean-Luc et Pierrette, un couple au désespoir se préparant chaque année à récupérer "l'argent de la vieille". Avec l'aide de leur fille espiègle et volontaire, ils vont tout faire pour duper la milliardaire et son majordome trop dévoué pour être honnête.
“Très jouissif de jouer les méchantes” : Amanda Lear se lâche sur le succès de sa pièce L’Argent de la Vieille...
L'argent de la vieille, c'est le titre de la pièce de théâtre avec Amanda Lear diffusée en direct sur Paris Première le samedi 12 avril 2025 à 21h. L'actrice y joue une comtesse abominable qui adore jouer aux cartes et balancer des vacheries. Rencontre exclusive pour Télé-Loisirs avec une diva qui ne manie vraiment pas la langue de bois !
Est-ce parce qu'Amanda Lear ne rechigne jamais à évoquer sans filtre sa relation à l'argent ou parce qu'elle garde le secret sur son âge ? On se dit en tout cas que la pièce L'argent de la vieille, diffusée en direct sur Paris Première le samedi 12 avril 2025 à 21h, va comme un gant à celle qui a entretenu une relation complexe avec Salvador Dali et qui a eu David Bowie comme amant ! Effectivement, la diva fait des étincelles dans le rôle d'une extravagante comtesse passionnée par les jeux de carte. Cela a donné à Télé-Loisirs l'envie de lui parler pour une interview exclusive sans langue de bois et très drôle.
Amanda Lear : "Au départ, je me disais que le public allait me siffler, me huer"
Télé-Loisirs : Êtes-vous à l’origine de cette version de la pièce ?
Amanda Lear : Oui. Ça fait des années que j'avais cette pièce en tête, même si elle n'était pas écrite. Je connaissais par cœur Lo scopone scientifico, un film culte italien de Luigi Comencini avec Bette Davis et Silvana Mangano, et je me disais que ça serait sûrement bien au théâtre. J'en avais déjà parlé à des tas de metteurs en scène et on avait fait une première version qui n'était pas réussie. On avait même fait une lecture avec Bruno Solo qui voulait jouer dedans. Finalement, Jean Franco et Guillaume Mélanie ont entièrement réécrit la pièce avec des nouvelles vannes. L'action qui se passait à Rome a été transposée à Paris. C'était du sur mesure finalement ! C'est pour ça que j'ai enfin réussi à jouer ce rôle sur scène.
Les petites vacheries que balancent votre personnage pourraient très bien être les vôtres, non ?
Oui parce que les deux auteurs me connaissent parfaitement ! Ils m'ont déjà écrit trois pièces. Ils n'ont même pas besoin de me consulter, ils savent exactement ce que je peux dire sur scène. Ils me font dire des choses très drôles, parfois très vaches, très cruelles. C'est un plaisir de travailler avec des gens qui vous connaissent bien. Ils savent jusqu'où je peux aller pour faire rire sans tomber dans la vulgarité, sans être trop lourde, et c'est ça qui est important.
Le personnage est vraiment odieux...
C'est une peau de vache ! J'adore ce rôle parce que c'est très jouissif de jouer les méchantes. Elle est abominable. C'est la première fois que je joue un personnage vraiment antipathique et j'adore ça. Au départ, je me disais que le public allait me siffler, me huer, mais pas du tout ! Plus elle est méchante, plus elle dit des horreurs, plus le public rigole et applaudit, donc les méchants, ce sont les spectateurs, ce n'est pas moi (Elle rit) ! Elle est diabolique, machiavélique, elle ment, elle manipule. Ce qui est terrible dans cette pièce, c'est que la méchante, c'est la vieille et les autres sont soi-disant des braves gens qu'elle plume. Mais au fur et à mesure que la pièce avance, on s'aperçoit que les gens contre qui elle joue, c'est-à-dire les pauvres, ils sont pires qu'elle ! Ils ne pensent qu'à l'argent, ils se disputent entre eux. Ce sont des gens sans foi, ni loi. C'est ça qui est extraordinaire dans cette pièce, c'est qu'aussi bien la riche que les pauvres, tous sont obsédés par l'argent, la réussite et ils sont affreux !
Le thème principal de cette pièce, c’est bien sûr l’argent. Vous avez un rapport très décomplexé avec l’argent. Vous êtes l’une des rares personnalités publiques à en parler de manière très libre...
Parce que j'ai un rapport très libre avec l'argent. Je claque tout ! Quand on me demande : "Ah bon, vous ne mettez pas d'argent de côté pour quand vous serez vieille ?", je réponds que je ne serai jamais vieille ! L'argent, c'est fait pour être dépensé. Tous ces gens qui thésaurisent, qui mettent de l'argent sous leur matelas, ça ne sert à rien. L'argent, faut que ça bouge, faut que ça remue. Quand y'en a plus, faut qu'on travaille et quand on en a, on invite les copains. Je suis généreuse et ça m'est totalement égal d'inviter tout le monde à dîner. On va me dire : "Si un garçon sort avec toi, c'est lui qui doit payer !" Mais non, pourquoi ? Moi j'ai de l'argent, lui n'en a pas, ça ne me fait rien du tout de payer pour lui, alors ça vraiment pas ! Finalement, j'ai un rapport très américain avec l'argent. En Amérique, on n'a pas honte ! Le rêve américain, c'est la réussite mais en France, dès qu'on gagne trois sous, on les cache. Les gens qui gagnent au Loto, faut surtout le dire à personne. En plus ça m'énerve parce qu'ils ne savent jamais dépenser leur argent. Ils gagnent 200 millions et ils achètent une nouvelle télé, ils changent peut-être la voiture et mettent de côté pour les enfants. Mais pas du tout ! Tu pars à Miami avec un gigolo (elle éclate de rire) !
Amanda Lear : "Il y a des moments où on a des petits coups de blues"
On a un peu de mal à utiliser le mot "vieille" pour parler de vous...
Jean-Paul Gaultier m'a dit : " Tu fais pas assez vieille !" Je lui ai répondu : "Je fais de mon mieux !" On m'a fait une perruque toute blanche, une perruque de vieille, mais je suis toujours très maquillée, comme ces vieilles à Miami avec du bleu aux yeux et plein de bijoux ! Je trouve que je ne fais toujours pas très très vieille mais bon (elle rit)...
Ça fait plus d’un an que cette pièce se joue, à Paris et en tournée. Comment expliquez-vous ce succès incroyable ?
Je pense que, d'abord, les gens ont envie de rigoler, beaucoup ! Et puis peut-être que je suis bankable. Qu'Amanda Lear remplit les théâtres quoi que je joue parce que les gens se disent : "Je vais la voir parce qu'elle me fait rire! " Vous savez, une fois que le public est conquis, en France, il est très fidèle. J'aime beaucoup mon public parce qu'il me suit. Même si vous vieillissez, même si vous ratez un album, c'est pas grave, ils achètent le suivant ! Et c'est important d'avoir un public comme ça.
En 2022, pour la pièce de Michel Fau, vous avez eu un problème de santé et vous avez dû subir une opération du coeur...
Je ne sais pas si c'est la faute de Michel Fau - il m'a fait tellement monter et descendre les escaliers, courir dans tous les sens, tomber par terre - à la fin j'étais essoufflée et mon médecin m'a dit : "Vous avez le coeur qui ne tient plus et il faut opérer". J'ai fait cette opération qui s'est très bien passée et ça m'a donné envie de continuer.
Vous pensiez alors arrêter le théâtre. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis pour L’argent de la vieille ?
Je dis ça tous les ans, vous savez ! Tous les artistes font leurs adieux tous les ans. Ils disent : "C'est ma dernière tournée, vous ne me verrez jamais plus !" et ils reviennent. Alors oui, il y a des moments comme ça, où on a des petits coups de blues, on se dit : "Ce métier n'est pas fait pour moi, j'aurais dû être fleuriste ! C'est trop chiant, c'est trop fatigant, c'est trop mal payé. Je prends ma retraite et je vais vivre avec mes chats !" Et puis après on me sollicite, on me dit : "Mais non, t'as encore plein de choses à faire ! Tu ne te rends pas compte, le public te demande. Et cette pièce, elle est pour toi !" Ils sont tous là à vous harceler et on se dit que l'Ehpad, ce sera peut-être pour l'an prochain (elle éclate de rire).
Amanda Lear dévoile sa routine pour garder la forme : "Il n'y a pas de secret, on sait qu'il ne faut pas boire, pas fumer, manger de l'huile d'olive et de l'ail, eh bien je le fais !"
Comment tenez-vous ce rythme très soutenu ?
C'est vrai que le public paie pour un bon spectacle, on ne peut pas dire : "Ce soir, je suis fatiguée, désolée" donc il faut assurer tous les soirs. C'est un moment où, pendant deux heures, il faut qu'on soit au top, qu'on sache notre texte, qu'on entende ma voix au troisième balcon où ils n'ont payé que douze euros mais il faut qu'ils m'entendent quand même... Donc on ne peut pas se permettre de l'amateurisme, d'arriver en retard. C'est pas possible ! Moi, je suis très exigeante. Je suis toujours à l'heure, j'arrive même trois heures avant pour me maquiller, pour m'imprégner, j'apprends mon texte par cœur. Dans ce milieu, il y a tellement d'artistes qui se bourrent la gueule, qui fument, je ne sais pas comment ils jouent. Franchement, je ne pourrais pas jouer si j'étais complètement pétée. Moi, je ne bois que de l'eau, je ne fume pas, je me couche archi-tôt quand je ne joue pas au théâtre. J'ai une routine de soldat prussien, comme Marlene Dietrich ! Y'a pas de secret. On sait qu'il ne faut pas boire, pas fumer, manger de l'huile d'olive et de l'ail, eh bien je le fais ! Je ne suis pas particulièrement sportive - marcher avec des Louboutin, c'est le seul sport que je fais - mais être sur scène tous les soirs, c'est comme faire du sport !
Vous avez été mannequin, chanteuse, animatrice télé, actrice. Qu’est-ce que vous préférez ?
Eh oui, j'en ai fait des trucs... à part la cuisine ! (Elle rit) Vous savez, ce que je préfère, c'est la peinture. C'est un art très solitaire. Pour toutes les autres disciplines artistiques, il y a un travail d'équipe. Quand je fais un album, il y a des musiciens, le producteur, les arrangeurs... Sur scène pareil, il y a les techniciens, la lumière, le son... Et le cinéma, n'en parlons pas ! Dans tous les cas, il faut être plusieurs pour que le résultat soit bien. Tandis que la peinture, je suis toute seule devant ma toile blanche, personne ne me dit ce que je dois faire. Je n'ai pas besoin de maquillage, de lumière. C'est une création qui vient directement de l'âme, c'est très personnel. J'adore ça, c'est ce qui me représente le mieux. Quand on me dit : "Qu'est-ce qu'il est bien ton album !", oui mais parce que j'ai eu des bons musiciens, des bons compositeurs. Tandis que quand on me dit que mon tableau est réussi, qu'il est émouvant, ça me fait quelque chose parce que c'est moi qui l'ai fait toute seule.
Quels sont vos projets après cette pièce ?
Je pensais avoir fait le tour de la question musique... Et puis la publicité Chanel est repartie jusqu'en 2027 parce qu'ils ont renouvelé le contrat. Une de mes chansons illustre une pub pour l'Apple Watch. En Angleterre, ils ont pris une de mes chansons pour des croquettes pour chiens. En Pologne, ils ont pris une de mes chansons pour Kinder Bueno... Donc brusquement, Universal, ma maison de disques, s'est dit : "Tiens, Amanda Lear, ça marche un petit peu partout. On va peut-être la dépoussiérer et la sortir du placard !" Donc ils m'ont dit : "Amanda, il faut retourner en studio faire un album !" J'ai répondu : "J'ai fait 22 albums, ça va !" Et eux : "Oui mais vous comprenez, il y a de la demande". Donc je suis actuellement en studio et j'enregistre ce nouvel album, pour la première fois en français. C'est une nouveauté, parce que j'ai toujours chanté en anglais à cause de la musique disco. Là, j'ai trouvé ce merveilleux auteur canadien, Pierre Lapointe qui m'écrit des chansons. Il y a Patxi Garat, il y a Sacha Rudy, plein de jeunes auteurs. Ça me fait plaisir et ça me fait beaucoup de bien. Et à côté de ça, Jean Franco et Guillaume Mélanie m'ont écrit une nouvelle pièce qu'on jouera en 2026.
Est-ce que vous vous êtes fixé une date pour la retraite ?
Dans ce métier, les acteurs ne prennent jamais leur retraite finalement. C'est probablement le seul métier où on ne prend pas sa retraite. Même les docteurs, les chirurgiens, les hommes politiques prennent leur retraite. Les acteurs non, ils meurent sur scène. Mon ami Robert Hirsch a joué jusqu'à la fin. Judith Magre, elle a 98 ans et elle est encore au théâtre tous les soirs. Le mot "retraite" n'existe pas pour nous. Donc on peut prendre des pauses peut-être, mais retraite non !
Direct lien de l'article écrit par Cédric CHOUKROUN