Article dans Gala par Thomas Durand ....
Amanda Lear: le plus grand mystère du show-biz...♥
LA REINE DE TOUS LES COUPS DE BLUFF ...
Amanda Lear: le plus grand mystère du show-biz...♥
LA REINE DE TOUS LES COUPS DE BLUFF ...
Elle vient d'annoncer son désir de raccrocher les gants. Marre de la célébrité, envie de tranquillité. La retraite ne semble pourtant pas faite pour ce drôle d'animal qui a toujours gardé un certain flou sur son âge, a joué avec malice de son ambiguïté et n'a cessé de se réinventer en quête de succès tout au long de sa vie. Jugez plutôt…
Elle a eu la vie échevelée d’une amazone, mais elle est toujours retombée sur ses pattes. Jusqu’au bout de ses griffes impeccablement vernies, cette femme a l’allure féline. Alors qu’elle fêtera ses 40 ans de carrière en 2017, elle voudrait nous faire croire qu’elle aspire désormais à une vie ronronnante
Prenant tout le monde de court sur le plateau de l’émission de France 2, Actuality, ce lundi 17 octobre,Amanda Lear a annoncé sa retraite : « J'en ai marre, ça fait quarante ans que je travaille, je pense qu'il est maintenant temps de jouir de la vie, de m'occuper de ma maison, de mes chats, de mes oliviers, de mon jardin… Et d'arrêter de faire le clown sur scène. Vous savez, j'ai commencé ma carrière en Italie en 1977. L'an prochain, ça fera donc quarante ans (…) Là, j'ai signé pour une tournée ( avec la pièce La Candidate, jouée depuis janvier 2016, au Théâtre de la Michodière), donc je vais quand même faire ma tournée théâtrale. Et puis après, bon on verra… »
Enième coup de bluff ? Nous l’avions rencontrée avant qu’elle ne monte sur scène, il y a quelques mois, elle minaudait en se racontant. Sous ses lèvres pulpeuses, la blancheur d’une dentition redoutable. De quoi justifier sa réputation de croqueuse d'hommes. Dans la salle, venus applaudir son nouveau – et donc, dernier ? – triomphe, nous avions remarqué une brochette de matous fraîchement rasés et bien musclés. Elle crânait alors : « Les hommes adorent être considérés comme des objets. Ils n’ont aucun problème à se laisser faire par une femme directive. Par le passé, j’ai été mariée, j’ai eu des liaisons longues et passionnées. Aujourd’hui, c’est chacun chez soi. » C’est-à-dire, en ce qui la concerne, dans l’une de ses nombreuses adresses, Paris, Rome, Londres, le Lubéron… Autant de lieux qui lui ont toujours servi de refuge
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Amanda Lear a beau avoir mis le meilleur de son talent à épater la galerie, elle cache, c’est peut-être vrai, un tempérament « solitaire, sauvage, introverti ». Dans un dîner mondain, elle est une convive étincelante. Mais elle ne rend jamais les invitations. Chez elle, elle n’a besoin que de ses douze chats et de sa chèvre Fergie pour lui tenir compagnie.
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Dans l’art de la conversation, peu rivalise avec elle. Polyglotte et plus cultivée qu’on ne l’imagine, elle n’a cure de personne pour lui donner la réplique. Intarissable. Capable de tenir le crachoir durant des heures de son débit rythmé, articulé, jamais pesante ni ennuyeuse… Elle a tellement de choses à dire, d’anecdotes surprenantes à raconter.
Sa vie est un roman. Son titre ? Walk on the wild Side, du nom de ce tube planétaire du Velvet Underground, qui semble avoir été composé pour elle. D’abord, parce que la blonde faisait partie de la Factory d’Andy Warhol, en 1972, au moment où son ami Lou Reed l’a enregistré. Elle avait débarqué à New York après avoir été engagée par la styliste Mary Quant qui l’avait chargée d’aller promouvoir la minijupe jusque dans les bleds les plus réacs des Etats-Unis. Enfin, parce qu’à l’égal des personnages de la célèbre chanson, elle aussi se traîne une sulfureuse ambiguité de genre.
Amanda Lear serait non pas une femme, mais un homme. Un transsexuel. Ce serpent de mer la poursuit depuis le début de sa carrière et ressort périodiquement la tête hors de l’eau. En témoigne son « amie » Régine, qui n'hésita pas à remettre une couche sur le site Pure Charts, en décembre 2015 : « Moi, je l’ai connu en garçon. Elle chantait dans les petits bistrots. Je ne la vois pas en ce moment parce qu’on n’a pas les mêmes vies. Elle est très sympathique. Très intelligente. Très cultivée. » Très agacée aussi. Le coup de griffe d’Amanda fut quasi immédiat : « On parle de moi depuis quarante ans, on a fait le tour de la situation », dit-elle dans VSD. Avant de préciser : « Régine est tombée dans l’oubli. Du coup, elle parle pour faire le buzz. Mais je m’en fous complétement. »
Pas si sûr. S’il y a bien une chose que l’animal déteste, c’est que l’on vienne fouiller dans ses poubelles. Elle entretient avec le passé une relation ambiguë. D’une part, il lui fournit la matière première à ses récits captivants où, de Grace Kelly qui lui proposa d’organiser un bal des Scorpions (elles sont toutes deux natives de ce signe) à François Mitterrand, qui la reçut en tête à tête à l’Elysée, elle fait défiler le Who’s Who de notre époque. Mais d’un autre côté, la vamp craint plus que tout les injures du temps.« Dernièrement, l’un de mes anciens fiancé, un type beau comme un dieu dont j’étais raide dingue, m’a redraguée sur Facebook. Le pauvre, il est devenu monstrueux », ricanait-t-elle devant nous, avec effroi. Amanda « n’aime pas les vieux ». Elle a dit, répété, plus d’une fois.
Sa bête noire s’appelle Wikipédia, l’encyclopédie virtuelle qu’elle ferait interdire si elle en avait le pouvoir.Sur son passé, ses parents, sa date et son lieu de naissance, l’ex-muse de Dali a toujours maintenu le plus grand flou artistique. Elle a sa théorie :« Personne n’a envie de savoir à quoi ressemblaient Marlene Dietrich ou Marilyn Monroe avant de devenir célèbres… L’important n’est pas qu’elles aient été moches enfants, mais qu’elles soient devenues sublimes par la suite. Pour une star, seul compte le résultat final. »
Soit. Encore faut-il suivre le bon cursus. Chapeau bas. A l’école de la célébrité, Amanda Lear a fait preuve d’un flair imparable. Elle s’est payé les meilleurs mentors. Etudiante aux beaux-arts de Londres, elle n’affiche que dix-neuf ans lorsqu’elle rencontre le peintre Salvador Dali. Elle est mannequin. Elle défile pour Paco Rabanne. Il s’enthousiasme à la vue de cette grande fille plate et maigrichonne. « Vous avez la plus belle tête de mort que j’ai jamais vue », complimente le maître. Silence glacial. L’offensée accepte pourtant l’invitation à déjeuner le lendemain. Elle se souvient : « Autant il avait été odieux. Autant il s’est montré spirituel, prévenant, séduisant. Mister Hyde et Docteur Jekyll. » Dali est sous le charme. Gala, son épouse, aussi. Etrange ménage à trois, qui durera près d’une quinzaine d’années et où les protagonistes s’entendent à merveille, toute rivalité ayant été gommée du fait de l’impuissance sexuelle du génial Catalan. Amanda Lear est tout à la fois la muse, la complice, et même la jeune fille au pair de Salvador Dali lorsque sa femme s’absente pour retrouver ses amants : « Il insistait alors pour que nous allions nous encanailler dans les bordels de Barcelone. »
Auprès du mage du surréalisme et du faux-semblant, l’élève apprend vite. Elle ne travaille pas spécialement sa peinture : « Dali était un atroce macho espagnol. Pour lui, les femmes n’avaient jamais su peindre. » Mais elle se perfectionne dans l’art du masque, apprends l’esbroufe, peaufine son personnage de dominatrice forte en gueule. Exigeante et rigoureuse avec elle-même, elle bosse dur pour lui plaire. Mais lorsque Avida Dollars, son anagramme par André Breton, insiste pour la marier à un grand d’Espagne, la muse désobéit. Et s’éloigne peu à peu. La muse a trouvé plus amusant que de terminer ses jours dans un palais à Séville.
Un autre gros minet est entré dans son champ de vision.En la découvrant sur la pochette d’un album du groupe de pop Roxy Music, David Bowie est tombé amoureux de son image de vamp, bardée de cuir noir et tenant en laisse une panthère shootée au Valium pour l’occasion. Il veut absolument la connaître. Marianne Faithfull joue les entremetteuses. La rencontre a lieu dans une boite de nuit. Amanda perd ses illusions : « Il était malade, avait la fièvre, le cheveux sale, la mine atroce. » En ce presque milieu des années soixante-dix, la voilà tout de même Amanda propulsée favorite de l’icône du glam rock. Elle apparaît dans ses clips. Ils travaillent ensemble à son premier album. Mais, comme avec Dali qui ne l’a jamais beaucoup aidée à percer, son salut ne viendra que d’elle-même. « J’en ai eu assez d’attendre. J’ai signé chez les Allemands. Je suis parti à Munich enregistrer avec Giorgio Moroder. Et c’est comme ça que je suis devenue l’une des reines du disco. »
La gloire, enfin. Electrisant les dance floors de ses tubes, assurant l’ouverture du Palace, la star écoule 25 millions de disques. Mais le disco n'est pas sa tasse de thé. A Cannes, au début des années quatre-vingts, elle fait une nouvelle rencontre qui change sa trajectoire : « Berlusconi me voit au festival. Je parle cinq langues. A l’époque, il est convenable,élégant. Il veut concurrencer la Rai. Je lui propose uneémission où j’interviewerai mes invités dans un lit. On l’appelle Confidences sur l’oreiller. » Le show est un immense succès : près de trente ans plus tard, Amanda est restée une star populaire en Italie.
Lassée par le petit écran, elle a voulu écrire son futur au théâtre. Il y a sept ans, à ses débuts sur scène, la novice ne tenait que des seconds rôles. Et puis, on lui a écrit des pièces sur mesure, comme La Candidate.Le public en redemande.
Tirer votre révérence, féline Amanda ?
Tirer votre révérence, féline Amanda ?
Allons donc, vous n’avez pas encore épuisé toutes vos vies…
Crédit photo Bestimage
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