jeudi 25 février 2016

AMANDA LEAR : « JE NE SUPPORTE PAS LES GENS VIEUX »

La comédienne est de retour sur scène. L’occasion pour nous de la rencontrer et d’évoquer son parcours. Sa relation avec Bowie, son coté cougar, ses complexes et les rumeurs sur sa transsexualité…. Elle nous dit tout, avec son franc parler habituel.
Crédit photo : Pascal Vila / VSD

Amanda Lear : Il est exceptionnel. J’ai toujours priviligié les rencontres. Il y a des filles qui ont un plan de carrière. Moi, tous les gens qui ont marqué ma vie, ça a été le hasard. C’est comme ça que j’ai commencé au théâtre, que j’ai rencontré Dali.
Pareil pour Bowie. A chaque fois, ça a influencé ma destinée. Quand j’étais mannequin maigrichonne à Londres, il n’était pas prévu que je me mette à chanter. Il a fallu qu’un soir David Bowie me dise : «  Je trouve quand même que tu as une voix, tu devrais chanter «  C’est le premier à y avoir cru. Il m’a payé mes cours de chant, mon loyer, mise sous contrat. Grâce à lui, j’ai fait mon premier single. Sans lui, je n’aurais jamais trouvé le courage.
Sa disparition vous a replongée dans cette période ?
Ca m’a un peu agacée qu’ils me téléphonent tous comme si j’étais sa veuve. «  Vous l’avez bien connu ? » « Est-ce que c’était un bon amant ? » C’est indécent ! C’était il y a quarante ans, encore faudrait il que je me souvienne. Il a fait partie de ma vie, c’est vrai. Puis il est allé de son coté, moi du mien. Tous les musiciens rock que je fréquentais à Londres, Les Beatles, Les Stones, Jimi Hendrix, Les Kinks ne s’intéressaient qu’à la musique. Ce qui m’a plu chez Bowie, c’est qu’il s’intéressait à tout. La peinture, la littérature, le mime. Je me suis dit «  Tiens, quelqu’un de différent des autres …….
Êtes vous une nostalgique ?
Je ne connais pas ça. Je ne possede pas une seul de mes disques. Ce qui est fait est fait. Ce qui m’intéresse, c’est ce que je fais aujourd’hui. J’ai des amies qui me disent «  Tu te rappelles ? C’était mieux avant «  Il n’y a que les vieux qui parlent comme ça. Eux, ils étaient mieux avant ! Je ne supporte pas les gens vieux. Que des jeunes ! Je ne vais pas les draguer. Ce sont eux qui viennent me chercher. Et cette attraction devient une belle aventure. On nous rabâche le phénomène Cougar un animal détestable qui dévore sa proie. Les américains n’ont jamais lu «  Coletteni, Le blé en herbe ! » Ils ne savent pas que la dame un peu plus agée déniaisant un jeune qui tombe amoureux, ça a toujours existé …….
Vous dites avoir été complexée, plus jeune. On a du mal à le croire …..
Très complexée ! Vous avez des gamines ravissantes et d’autres pas teribles au départ. Moi j’avais un appareil en ferraille pour me redresser les dents et les cheveux raides comme des baguettes. Puis est arrivée Françoise Hardy. Du jour au lendemain je me suis retrouvée propulsée jolie et bien foutue. Quant à la vieillesse….. Je n’y vois aucun avantage, c’est certain. Mais il faut savoir l’accepter. On parle de la chirurgie esthétique comme d’une chose abominable mais vous allez bien chez le dentiste ou chez le coiffeur, c’est pareil. Je vois mes copines d’enfance anglaises se laisser aller ….. Elles commencent toutes leurs phrases par «  A mon âge …. ! » Ca m’horripile ! Justement, à ton âge, ton mari t’a larguée pour une plus jeune, t’as une pension alimentaire, les enfants sont grands, youpi, éclate toi ! Le troisième âge………. C’est formidable
Récemment Régine a remis sur le tapis les rumeurs concernant votre transsexualité.
 Elle m’a fait marrer. Je comprends, la pauvre, elle est tombée dans l’oubli. Du coup, elle a parlé de moi pour le buzz. Mais je m’en fous complétement. On parle de moi depuis quarante ans, on a fait le tour de la situation. Je veux avant tout qu’on me juge sur mon travail, pas sur mes amants, prétendument nombreux.Avec cette réputation, il suffit que je boive un verre avec Teddy Riner ou que je croise Manaudou dans le tgv pour que nous soyons fiancés. J’ai connu quelques footballeurs, quelques sportifs de haut niveau et aussi quelques plombiers …..Ils se sont refilé mon téléphone les uns les autres. Ils m’envoient des SMS. Ce sont des poètes. Ca me fait toujours rire, les réactions des gens. Un jour je me baladais dans la rue et des ouvriérs ont crié : " T’es top bonne Lova Moor ! "

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