jeudi 5 juillet 2018

Amanda Lear et Gérard Lanvin : « On ne fait pas un travail d’imitateur »

Film d’animation. Ils sont de retour, et ça fait plaisir. Les studios Disney ressortent des cartons « Les Indestructibles » et confient de nouveau la mise en scène du deuxième opus à leur papa, Brad Bird. 
Pour les voix françaises, des acteurs eux aussi indestructibles : Amanda Lear et Gérard Lanvin. Interview croisée.

                                 Gérard Lanvin et Amanda Lear (à droite), deux comédiens indestructibles, avec Louane Emera et Thierry Desroses qui prêtent également leur voix aux personnages.

Les Indestructibles sont de retour, et c’est une réussite. On s’amuse beaucoup dans ce second opus mis en scène comme le premier par Brad Bird. Et cette fois, c’est Hélène, la maman, qui passe à l’action pendant que Bob, le papa, s’occupe des gosses, et on dirait bien qu’il faut être aussi un superhéros lorsqu’on est homme au foyer... Entre exploits fantastiques et quotidien comique, ces Indestructibles 2 nous rappellent qu’on a beau avoir des pouvoirs, il n’y a rien de plus important que la famille.C’est en toute logique que les Studios Disney ont fait appel à eux pour jouer des personnages indestructibles. Actrice, chanteuse, animatrice télé, Amanda Lear s’amuse beaucoup avec Edna Mode, une femme de petite taille qui prend beaucoup de place dans les aventures de cette famille pas comme les autres. Et pour endosser le costume de Bob Parr, le chef du clan, il fallait un comédien au caractère bien trempé, et c’est Gérard Lanvin qui s’y colle. 

Rencontre.

Amanda Lear, c’était un plaisir de retrouver ce personnage d’Edna Mode ?

A. L. : « Oui et je trouve qu’ils ont mis un peu longtemps pour faire le deux, parce que vu mon espérance de vie, 14 ans, c’est long... Et c’est très curieux comment cette Edna Mode qui n’a pas de superpouvoirs, qui est un personnage secondaire, est devenue un peu culte. Il y a des tas de gens qui sont tombés amoureux de cette petite bonne femme, et j’attendais avec impatience son retour. »

« Mon meilleur rôle »

Vous la trouvez comment cette Edna Mode ?

A. L. : « Elle est assez désagréable et c’est amusant parce que beaucoup de gens me disent que c’est mon meilleur rôle. En plus, je la trouve moche. Quand je l’ai vu la première fois, j’ai été très surprise parce qu’on a toujours tendance à croire qu’il faut ressembler physiquement au personnage à qui l’on prête sa voix, et là ce n’est pas le cas – NDLR : elle montre une poupée à l’effigie d’Edna une petite brune coupée au carré, avec de grosses lunettes noires - je n’imaginais pas une seconde que je pouvais incarner cette femme au caractère bien trempé, qui ne supporte pas la contradiction... Mais en fait, ça s’est très bien passé. »

Dans la vie, avez-vous déjà croisé des Edna Mode ?

A. L. : « Ah ça, on en croise partout des bonnes femmes péremptoires, des madame-je-sais-tout. Tout ce qu’elles disent ne se discute pas. C’est un personnage féminin qu’on trouve de plus en plus dans notre société. »

Gérard Lanvin, vous rejoignez les Indestructibles pour ce second opus, est-ce la perspective d’être un superhéros ou celle de jouer un père au foyer qui vous a donné envie de vous lancer dans l’aventure ?

G. L. : « Celle d’être un superhéros. Homme au foyer, je le suis depuis longtemps donc je sais ce que c’est. Donc jouer un superhéros, ça m’a fait des vacances. Et comme le dit Amanda, j’espère qu’on ne va pas attendre 14 ans pour recommencer, même si l’on doit s’enfermer dans le noir pendant trois jours, et heureusement avec des gens compétents qui savent ce qu’ils veulent obtenir. Je n’ai pas cherché à aller vers la voix d’origine puisqu’on ne vous demande pas de faire à l’identique. À partir de votre personnalité, de votre sens de l’observation, c’est à vous de créer une émotion. »

A. L. : « C’est vrai, on ne fait pas un travail d’imitateur... Notre voix n’a rien à voir avec l’originale mais avec notre propre voix, on essaie de traduire les intentions du personnage. »

G. L. : « Oui car c’est un rôle, et il est pointu. C’est plus facile au cinéma parce qu’au doublage, il faut contrôler l’image, le texte, le rythme, il faut être très attentif au jeu. Ici, contrairement à Manny (NDLR : le mammouth que Gérard Lanvin doublait dans L’âge de glace), Bob a des expressions, il faut travailler avec les mouvements des yeux, des lèvres... C’est un gros travail de comédien. »

A. L. : « Et surtout, on n’a pas, comme au théâtre, la moindre répétition avant pour se préparer à rentrer dans le personnage. Là c’est immédiat, il faut tout de suite être dans le rôle. »

« On a des failles »

Pensez-vous que, d’une façon ou d’une autre, vous êtes vous-mêmes indestructibles ?

A. L. : « Je vous réponds d’une façon directe : oui ! Parce que l’on vit dans une société où, avec les problèmes, les envies, les jalousies, les rivalités etc., on pourrait facilement se laisser détruire. Faire ce qu’on appelle un burn-out, par exemple. Donc, avec une certaine force mentale, il faut vraiment s’efforcer d’être indestructible. Alors, moi, je ne suis pas indestructible mais j’essaie de l’être. »

G. L. : « Oui, mais en même temps on a aussi des failles, et il en faut pour laisser passer la lumière. Il ne faut pas croire qu’un artiste est sûr de lui. Nous, on est à disposition, et quand les gens critiquent le travail que l’on fait, on l’admet puisqu’on se met en avant... Mais il faut savoir qu’Amanda autant que moi, on fait juste un boulot pour faire plaisir aux autres, pour distraire les gens. Ça ne mérite pas forcément l’ambiance à la méchanceté. Moi j’ai beaucoup d’admiration pour Amanda Lear parce que c’est une personne qui évolue dans un système difficile et elle a toujours été présente avec beaucoup de recul, de fragilité et de force. Nos parcours sont compliqués mais il faut l’assumer, parce que c’est bien de notre faute si on est là. »

Pensez-vous que vos voix ont un superpouvoir ?

G. L. : « C’est vrai, nous avons des voix particulières. On n’y peut rien, c’est un don que l’on a reçu et on s’en sert. Et en fait, on ne le savait même pas, et puis on nous l’a fait découvrir, on vous dit : « Ta voix est vachement intéressante. » Et c’est à ce moment-là que vous prenez conscience que la voix, pour un acteur, et évidemment un chanteur, est véritablement fondamentale. Elle est indispensable parce que, souvent, elle fait la différence. »

A. L. : « C’est tout à fait vrai, il y a vraiment des voix qui ont un superpouvoir. Il y en a qui calment, qui vous hérissent, qui guérissent, qui donnent des érections instantanées... »

Diriez-vous qu’il s’agit d’un film féministe ?

A. L. : « C’est vrai que, pour une fois, le superhéros est au chômage, et qu’il reste à la maison à donner le biberon au petit dernier pendant que sa femme part en mission. Jusqu’à présent, c’était plutôt le contraire, donc on peut peut-être dire que c’est féministe. En tout cas, vous avez vu, il ne se débrouille pas très bien et il est obligé de faire appel à Edna qui n’a pas d’enfant mais qui s’occupe très bien du bébé. En même temps, on n’est pas dans Wonder woman... »

LES INDESTRUCTIBLES 2

De Brad Bird (États-Unis, 1 h 58) avec les voix de Gérard Lanvin, Louane Emera, Amanda Lear...





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire