Amanda Lear

"J'ai envie d'être actrice permanente à Avignon"

Elle fut muse de Salvador Dali, star du disco (elle a vendu plusieurs dizaines de millions de disques), rieuse irrévérencieuse aux Grosses têtes de Bouvard, icône de la télé en Italie. Un mille-feuille de vies pailletées.

En 2014, elle est désormais comédienne (depuis 5 ans) au théâtre, et plus que jamais provençale (depuis 33 ans), puisque basée tout près d'Avignon, dans les Alpilles, du côté de Saint-Etienne-du-Grès. La diva Amanda Lear joue demain soir sa troisième pièce, Divina, sur la scène de l'Opéra Grand Avignon. Une comédie boulevardière dont les costumes sont signés Jean-Paul Gaultier et dans laquelle elle campe Claire Bartoli, une présentatrice star du petit écran dont l'émission est soudain arrêtée.
"J'adore jouer les méchantes et les mégalos", lance celle qui a beaucoup évolué dans les nuances de jeu grâce à son metteur en scène, Nicolas Briançon : "Il m'a demandé de moins gesticuler, il m'a appris beaucoup sur l'écoute de son partenaire. On n'est pas là pour cabotiner, tirer la couverture à soit comme le faisait Jean Lefebvre !" Car Divina est loin de n'être qu'une rigolade à traits grossiers, qui laisse l'émotion s'infiltrer sous les portes. Une première passerelle vers sa prochaine pièce, que lui a écrite Pierre Palmade ? 

"Dans les régions, les gens gardent une fraîcheur, une curiosité"

C'est grâce à Avignon qu'Amanda Lear a découvert son "chez moi" des Alpilles, "là où je passe le plus de temps, pour m'occuper de mon jardin." Années 1970 : elle est en couple avec Dali et à chaque fois qu'ils descendent en Espagne, ils font halte à l'hôtel d'Europe, à Avignon, où elle a toujours ses habitudes.

"Des gens m'ont conseillé de visiter les Alpilles, j'en suis tombée amoureuse, je suis venue m'installer en 1981. Je me souviens que le vendredi soir, dans l'avion qui allait d'Orly à Montfavet, il y avait Drucker (qui ralliait sa villa d'Eygalières, ndlr.), Jean Reno (ex-Maussane, désormais Les Baux-de-Provence), Jack Lang (qui a toujours sa maison dans le Luberon, à Bonnieux), moi... À l'époque, on trouvait encore des mas à 30 000€ dans les Alpilles. Maintenant, ils valent 3 millions !"
Demain soir, la néo-actrice jouera quasiment à domicile. "J'aimerais être comédienne à l'année à l'Opéra d'Avignon, un magnifique théâtre à l'italienne. Ça me permettrait de jouer et de rentrer dormir à la maison. En tournée, depuis quelques années, je découvre des opéras superbes, ceux de Toulon ou de Vichy. Très loin des embouteillages de la capitale. Et puis dans les régions, les gens ne sont pas blasés, contrairement à beaucoup de Parisiens. Ils gardent une fraîcheur, une curiosité".
La reine Lear n'a rien perdu de sa faconde tranchante à souhait. On en raffole .

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Retrouvez Amanda Lear dans DIVINA

 

Photo Pascal Victor

 

 

L'égérie de Salvador Dali et artiste multifacette, Amanda Lear revient le 23 octobre à'Opéra d’Avignon pour y présenter "Divina", comédie de boulevard. Rencontre.

Amanda Lear, vous êtes en tournée avec "Divina". Où vous trouvez-vous aujourd'hui ?

A bordeaux, dans l'attente de la représentation de ce soir. Je connaissais très mal cette vie de saltimbanque.

Sacré changement après les conforts de la télé !

C'est peu de le dire. Ceci dit je ne regrette absolument pas mon choix. J'aurai même dû venir à la scène bien plus tôt et non pas attendre presque 10 ans.

Pourquoi cette attente ?

La peur. Le théâtre est une réelle mise en danger. J'avoue comprendre réellement aujourd'hui ce qu'est le métier d'acteur, le vrai. C'est celui de théâtre.

On annonce le spectacle "Divina" comme un théâtre de boulevard, est-ce le cas ?

En fait pas vraiment.. Il faut savoir que le metteur en scène (Nicolas Briançon NDLR) travaille avant tout les grands textes dramatiques

Vous interprétez le rôle d'une star de la télé qui se fait virer et qui tente de revenir via une émission culinaire. Il y a une résonance avec votre vie ?

J'ai toujours pris le parti de fuir avant d'être virée ! Que ce soit dans mon travail ou avec mes amours du coup "Divina" me fais prendre conscience de la brutalité du monde médiatique et de cette femme qui tente tout pour revenir. Pour autant, c'est extrêmement drôle et touchant.

Vous avez d'abord fait de la peinture. Y a-t-il un rapport avec le théâtre ?

J’ai une anecdote. Avec Dali nous allions souvent au théâtre et après chaque représentation quand je lui demandai son avis il me répondait : "pour ce qui concerne le texte, le jeu des acteurs, la lumière, la mise en scène je n'en sais rien par contre la peinture accrochée au fond de scène était une abomination". Depuis je regarde moi aussi les décors alors il y a un rapport : la beauté !

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