AMANDA LEAR «YANN MOIX EST UN IMBÉCILE TOTAL!»
L'icône parle de sa retraite, de ses amours, de la drogue et des hommes qui lui font encore la cour. Et elle n'a pas sa langue dans sa poche.
Le Matin. CH direct Link ...FABIO DELL'ANNA...Click
C'est une Amanda Lear pétillante et bavarde que l'on retrouve au bout du fil. À Rome pour quelques jours, elle nous raconte que sa «semi-retraite» se passe très bien. «Semi» car, même si elle n'est pas montée sur les planches depuis deux ans, elle ne s'est pas arrêtée pour autant. La preuve avec son livre «Délires» paru en novembre dernier. «Il est sorti en Suisse? Ah mais c’est con, j’aurais dû faire de la promo alors. En France, je n’ai pas arrêté», nous explique-t-elle de sa voix suave et rauque à la fois.
«Je l'ai envoyé à Brigitte Macron, il y a une petite anecdote. J'espère qu'elle va bien se marrer.» Car oui, le premier but de cet ouvrage et de divertir tout en découvrant l'étonnante vie de la muse de Salvador Dalí. «Je ne prends rien au sérieux. J'aime rire, surtout de moi-même. Alors posez-moi les bonnes questions!» Ça ne rigole plus.
Vous avez sorti en fin d'année un livre «Délires» avec vos anecdotes et vos phrases les plus mémorables. Une parenthèse très drôle !
Vous avez bien de la chance de l’avoir. En France on a eu beaucoup de difficultés avec tous ces blocages de camions à cause des Gilets Jaunes. Plusieurs librairies n’ont pas été livrées. Cela a fait du tort aux ventes. Vous n’avez pas ces problèmes en Suisse, et vous ne les aurez jamais. Vous êtes plus intelligents que ça.
Comment avez-vous eu l'idée de ce livre ?
Je n’ai aucune ambition, j’attends que l’on vienne me voir. Je n’ai jamais demandé à écrire un livre, à faire de la chanson ou du théâtre. Comme je crois beaucoup au destin, je laisse faire. En revanche, il n'était absolument pas question d’écrire une biographie. Je trouve ça d’une prétention invraisemblable que des gens du spectacle le fassent. Si vous êtes Mère Teresa ou la reine d’Angleterre, pourquoi pas. Mais pas lorsque vous avez 22 ans et que vous vous appelez Nabilla. Où va-t-on ?
Votre dernier album, «Let Me Entertain You», date de 2016, vous n’avez pas envie de revenir à la chanson ?
Non. C’est un peu décevant ce qui se passe dans la musique maintenant. Autrefois, il y avait des artistes avec de vraies paroles. Aujourd’hui, c’est fini. L’industrie a été massacrée par le showbiz américain en lançant des filles qui se tortillent à moitié à poil en playback. Voir Beyoncé ou Jennifer Lopez le cul à l’air ou en string, ça ne m’intéresse pas du tout. Pour moi, une chanteuse c’est une bonne femme qui se met devant un micro avec une jolie robe et qui interprète, comme Nana Mouskouri, Juliette Greco, Véronique Samson ou encore Sylvie Vartan. La musique ne m’intéresse plus du tout. Si je devais revenir, ce serait uniquement pour un album tout en français avec des chansons à texte, comme celles de Gainsbourg ou Jean-Jacques Goldman.
Vous avez répondu que si vous deviez vous décrire un mot, ce serait «star». Si je vous dis que ce n'est pas assez ?
Je me décris très mal car il y a deux images. Celle que me renvoie le miroir et celle que voit les gens. Si je me décris comme les gens me voient: oui, Amanda c’est glamour, c’est mystérieux, c’est sophistiqué, c’est une icône. Mon miroir me dit plutôt: voilà une dame qui travaille tout simplement et qui a eu une chance inouïe d’avoir fait carrière alors qu’au départ elle ne savait pas quoi faire. Je dirais alors que je suis la personne la plus chanceuse de la Terre.
En 2016, vous annonciez votre retraite. Vous avez du mal à décrocher ?
Je l’ai prise. J’ai dit que vous ne verrez plus sur les planches après le spectacle «La candidate». Et en effet, ça fait deux ans qu’on ne m’a plus revue au théâtre ou dans des téléfilms. Cela m’a permis de rester chez moi plus d’un an, d’écrire ce livre, de préparer des peintures. La seule chose qui m’a fait sortir, c’était pour doubler la voix d’Edna Mode dans «Les Indestructibles 2». C’est extraordinaire de participer à un film qui a marqué l’histoire et qui va direct aux Oscars. Sinon, me retirer à la campagne a été une espèce de semi-retraite. Et maintenant, je suis prête à refaire des choses. Je vais tourner un film en Italie en mai, j’ai des émissions à faire à San Remo, j’ai une exposition de peinture à Paris, qui va d’ailleurs aussi passer par Berne.
Vous aviez davantage besoin d’une pause que d’une retraite.
C’est ça. J’ai enchaîné les tournées, les plateaux TV et finalement les pièces de théâtre. Quand est-ce que ça allait s’arrêter? À 90 ans? Il fallait que je m'arrête. C’est bien de gagner de l’argent, mais c’est encore mieux de profiter de la vie. Et il n’y a rien de plus important que de prendre soin de sa santé, voir ses amis et de peut-être s’organiser quelques petits voyages.
Cette vie formidable, c’est une chose à laquelle vous pensiez depuis toute petite ?
Je ne sais pas ce que je voulais devenir. Mais je savais qu’un destin exceptionnel m’attendait. J’ai toujours pensé que je ne serais pas comme les autres. Je me disais que peut-être je deviendrais une danseuse ou une grande criminelle. C’est venu petit à petit, avec des rencontres fortuites. Et ça continue. Je me dis peut-être que cette après-midi en sortant de mon hôtel je tomberai sur Woody Allen ou Tim Burton. Je n’ai jamais rien planifié dans ma vie.
Quand avez-vous commencé votre vie d'artiste ?
Ma carrière a démarré quand une maison de disques allemande m’a appelée de Munich pour me dire: «Vous nous intéressez. Nous aimerions lancer une Marlene Dietrich disco, votre voix correspond à ce que nous cherchons. Venez!» J’avais un peu tâté de la chanson avec David Bowie, car il m’avait encouragée. Il me disait: «Tu sais, tu as beaucoup de personnalité. Tu devrais chanter.»
David Bowie vous a même payé des cours de chant, non ?
Exactement. Il ne me les donnait pas. Il payait une femme qui s’appelle Florence Norbert. Une personne redoutable. Elle me faisait faire des gammes du matin au soir. Bowie m’a aussi payé quelques cours de danse, mon loyer et les voyages pour l'accompagner à New York. Tout était sous contrôle pendant 2 ans avec son manager. Au bout de ce temps, je me suis fatiguée. Je déteste être sous contrat, avoir des contraintes… Donc je suis partie. J’ai toujours été indépendante et j’aime la liberté.
Vous avez même enregistré un single avec lui: «Star».
Qui n’est jamais sorti, c’est ça. C’était pas mal. Je disais à son management: «Quand est-ce que ça sort?» Et on me répondait: «Attends, on est en train de préparer sa tournée.» J’allais attendre combien d’années? J'en ai eu marre et j'ai pris la porte.
Vous êtes restée en bons termes avec David Bowie ?
Ah non! Plus aucun contact! Lui est resté en Amérique à faire ses tournées et se droguer. Moi, je suis rentrée en Europe pour démarrer ma carrière. Je n'avais plus le temps de revenir à mes premières amours avec Bowie, qui habitait à New York, ou avec Bryan Ferry à Londres. Je les ai tous un peu perdus de vue.
D’ailleurs, vous dites avoir beaucoup de mal avec les personnes qui se droguent.
J'ai une allergie totale des gens qui se droguent. Je trouve que c'est une faiblesse impardonnable. Je peux à la rigueur comprendre les gens qui picolent un peu pour la fête. Mais se droguer en disant «je suis malheureux, donc je me drogue», je déteste ça.
Votre ex-compagnon Salvador Dalí pensait de la même manière, non ?
Il était très antidrogue. D'ailleurs, c'est très curieux car les hippies se disaient: «Cet artiste doit être drogué. Il peint des visions psychédéliques, des choses tellement cauchemardesques. C'est un peu ce que l'on voit quand on prend notre LSD ou notre acide.» Ils étaient tous persuadés qu'il était défoncé, alors que pas du tout. Dalí disait: «Vous vous droguez pour voir des arcs-en-ciel? Vous prenez un verre d'eau minérale et vous pouvez aussi les voir.» Il aimait beaucoup dire que la drogue c'était lui.
Il ne s'énervait jamais contre vous ?
Je ne l'ai presque jamais vu en colère. L'une des rare fois était quand Kirk Douglas tournait un film à Cadaques (E). C'était un long-métrage tiré d'une histoire de Jules Verne. Un navet pas possible. Une fois, il m'a prise à part et m'a dit: «Tu peux me trouver de quoi fumer? J'aime bien un petit joint de temps en temps.» J'ai parlé à des jeunes à cheveux longs qui m'en ont donné un sur la place à côté. Lorsque Dalí a découvert ce que j'ai fait, c'était la fin du monde. «Jamais plus je ne vous verrai, si vous recommencez», a-t-il hurlé.
L'amour aujourd'hui ? Vous en êtes où ?
Vous savez ce qui est amusant? La séduction. Mais, après ce stade, la consommation c'est toujours pareil. C'est qui est fait est fait.
Il y a encore beaucoup d'hommes qui vous courent après ?
(Rires.) Il y a plein de gens qui me font la cour, mais ça m'intéresse que moyennement. C'est flatteur et rassurant quand vous arrivez à un âge où normalement on ne devrait même plus vous regarder. Je me dis que je ne suis pas encore bonne à jeter à la poubelle.
Vous pensez être capable de revivre une relation ?
Avoir une histoire d'amour est très fatigant. Je tombe amoureuse toute la journée. Cela dure cinq minutes, trente secondes et après on ne se revoit jamais plus. C'est cette espèce d'émotion qui est formidable. Mais s'engager dans une histoire c'est insupportable. Il y a la jalousie, la possession, il faut rendre des comptes...
Si vous aviez l'occasion de boire un verre avec quelqu'un maintenant, ce serait qui ?
Une personnalité connue? Oh, je préfère répondre avec ce beau garçon que j'ai croisé ce matin. (Rires.) Il y a beaucoup d'acteurs américains séduisants, mais je ne suis pas une groupie. Je ne fais pas partie de ces personnes qui ont absolument besoin d'avoir un selfie avec Brad Pitt ou George Clooney. Je choisirais des gens intéressants, comme Adrien Brody.
Pourquoi ?
Déjà physiquement il m'intéresse car j'aimerais qu'il joue Salvador Dalí. Un biopic est en préparation. Malheureusement, ils sont en train d'en tourner un autre à Londres avec Ben Kingsley et Ezra Miller, qui joue Dalí jeune. Vous l'avez peut-être déjà vu dans «Les Animaux fantastiques».
Qui verriez-vous pour jouer votre rôle ?
Il faut revenir quarante ou cinquante ans en arrière. Quand j'ai rencontré Dalí j'étais blonde, très maigre, très grande et mannequin chez Paco Rabbane. Il faudrait trouver une jeune actrice ou un top avec ce physique. Pour mon biopic, on me proposait Léa Seydoux. Elle est très jolie, mais elle est pulpeuse, ronde... Ce n'était pas du tout mon physique.
Que pensez-vous de la polémique autour de Yann Moix qui se dit incapable d'aimer le corps d'une femme de plus de 50 ans ?
Yann Moix est un imbécile total! Je n'aime pas ses livres. Il dit n'importe quoi, comme tous ces gens qui ont envie de faire le buzz à deux semaines de la sortie de son bouquin. Qu'il n'aime que les femmes asiatiques, ça le regarde. Mais de là à dire que toutes les autres sont à chier... Non! Cela ne veut pas dire que toutes les autres sont moches. Je suis sûre qu'il n'a pas voulu insulter les femmes de 50 ans, chacun ses goûts. Mais, aujourd'hui, on ne peut plus rien dire. C'est comme si je disais: «Je n'aime pas les mecs qui jouent au golf, ça m'emmerde.» C'est vrai que les hommes après un certain âge aiment ce sport donc je ne me vois pas sortir avec un monsieur âgé. J'aime être avec de jeunes gens qui sont plus dynamiques, enthousiastes, plus naïfs. Mais si je dis ça, on va dire: «Elles aussi pensent que les vieux sont nuls.» Alors que non, chacun ses goûts.
L'icône parle de sa retraite, de ses amours, de la drogue et des hommes qui lui font encore la cour. Et elle n'a pas sa langue dans sa poche.
Le Matin. CH direct Link ...FABIO DELL'ANNA...Click
C'est une Amanda Lear pétillante et bavarde que l'on retrouve au bout du fil. À Rome pour quelques jours, elle nous raconte que sa «semi-retraite» se passe très bien. «Semi» car, même si elle n'est pas montée sur les planches depuis deux ans, elle ne s'est pas arrêtée pour autant. La preuve avec son livre «Délires» paru en novembre dernier. «Il est sorti en Suisse? Ah mais c’est con, j’aurais dû faire de la promo alors. En France, je n’ai pas arrêté», nous explique-t-elle de sa voix suave et rauque à la fois.
«Je l'ai envoyé à Brigitte Macron, il y a une petite anecdote. J'espère qu'elle va bien se marrer.» Car oui, le premier but de cet ouvrage et de divertir tout en découvrant l'étonnante vie de la muse de Salvador Dalí. «Je ne prends rien au sérieux. J'aime rire, surtout de moi-même. Alors posez-moi les bonnes questions!» Ça ne rigole plus.
Vous avez sorti en fin d'année un livre «Délires» avec vos anecdotes et vos phrases les plus mémorables. Une parenthèse très drôle !
Vous avez bien de la chance de l’avoir. En France on a eu beaucoup de difficultés avec tous ces blocages de camions à cause des Gilets Jaunes. Plusieurs librairies n’ont pas été livrées. Cela a fait du tort aux ventes. Vous n’avez pas ces problèmes en Suisse, et vous ne les aurez jamais. Vous êtes plus intelligents que ça.
Comment avez-vous eu l'idée de ce livre ?
Je n’ai aucune ambition, j’attends que l’on vienne me voir. Je n’ai jamais demandé à écrire un livre, à faire de la chanson ou du théâtre. Comme je crois beaucoup au destin, je laisse faire. En revanche, il n'était absolument pas question d’écrire une biographie. Je trouve ça d’une prétention invraisemblable que des gens du spectacle le fassent. Si vous êtes Mère Teresa ou la reine d’Angleterre, pourquoi pas. Mais pas lorsque vous avez 22 ans et que vous vous appelez Nabilla. Où va-t-on ?
Votre dernier album, «Let Me Entertain You», date de 2016, vous n’avez pas envie de revenir à la chanson ?
Non. C’est un peu décevant ce qui se passe dans la musique maintenant. Autrefois, il y avait des artistes avec de vraies paroles. Aujourd’hui, c’est fini. L’industrie a été massacrée par le showbiz américain en lançant des filles qui se tortillent à moitié à poil en playback. Voir Beyoncé ou Jennifer Lopez le cul à l’air ou en string, ça ne m’intéresse pas du tout. Pour moi, une chanteuse c’est une bonne femme qui se met devant un micro avec une jolie robe et qui interprète, comme Nana Mouskouri, Juliette Greco, Véronique Samson ou encore Sylvie Vartan. La musique ne m’intéresse plus du tout. Si je devais revenir, ce serait uniquement pour un album tout en français avec des chansons à texte, comme celles de Gainsbourg ou Jean-Jacques Goldman.
Vous avez répondu que si vous deviez vous décrire un mot, ce serait «star». Si je vous dis que ce n'est pas assez ?
Je me décris très mal car il y a deux images. Celle que me renvoie le miroir et celle que voit les gens. Si je me décris comme les gens me voient: oui, Amanda c’est glamour, c’est mystérieux, c’est sophistiqué, c’est une icône. Mon miroir me dit plutôt: voilà une dame qui travaille tout simplement et qui a eu une chance inouïe d’avoir fait carrière alors qu’au départ elle ne savait pas quoi faire. Je dirais alors que je suis la personne la plus chanceuse de la Terre.
En 2016, vous annonciez votre retraite. Vous avez du mal à décrocher ?
Je l’ai prise. J’ai dit que vous ne verrez plus sur les planches après le spectacle «La candidate». Et en effet, ça fait deux ans qu’on ne m’a plus revue au théâtre ou dans des téléfilms. Cela m’a permis de rester chez moi plus d’un an, d’écrire ce livre, de préparer des peintures. La seule chose qui m’a fait sortir, c’était pour doubler la voix d’Edna Mode dans «Les Indestructibles 2». C’est extraordinaire de participer à un film qui a marqué l’histoire et qui va direct aux Oscars. Sinon, me retirer à la campagne a été une espèce de semi-retraite. Et maintenant, je suis prête à refaire des choses. Je vais tourner un film en Italie en mai, j’ai des émissions à faire à San Remo, j’ai une exposition de peinture à Paris, qui va d’ailleurs aussi passer par Berne.
Vous aviez davantage besoin d’une pause que d’une retraite.
C’est ça. J’ai enchaîné les tournées, les plateaux TV et finalement les pièces de théâtre. Quand est-ce que ça allait s’arrêter? À 90 ans? Il fallait que je m'arrête. C’est bien de gagner de l’argent, mais c’est encore mieux de profiter de la vie. Et il n’y a rien de plus important que de prendre soin de sa santé, voir ses amis et de peut-être s’organiser quelques petits voyages.
Cette vie formidable, c’est une chose à laquelle vous pensiez depuis toute petite ?
Je ne sais pas ce que je voulais devenir. Mais je savais qu’un destin exceptionnel m’attendait. J’ai toujours pensé que je ne serais pas comme les autres. Je me disais que peut-être je deviendrais une danseuse ou une grande criminelle. C’est venu petit à petit, avec des rencontres fortuites. Et ça continue. Je me dis peut-être que cette après-midi en sortant de mon hôtel je tomberai sur Woody Allen ou Tim Burton. Je n’ai jamais rien planifié dans ma vie.
Quand avez-vous commencé votre vie d'artiste ?
Ma carrière a démarré quand une maison de disques allemande m’a appelée de Munich pour me dire: «Vous nous intéressez. Nous aimerions lancer une Marlene Dietrich disco, votre voix correspond à ce que nous cherchons. Venez!» J’avais un peu tâté de la chanson avec David Bowie, car il m’avait encouragée. Il me disait: «Tu sais, tu as beaucoup de personnalité. Tu devrais chanter.»
David Bowie vous a même payé des cours de chant, non ?
Exactement. Il ne me les donnait pas. Il payait une femme qui s’appelle Florence Norbert. Une personne redoutable. Elle me faisait faire des gammes du matin au soir. Bowie m’a aussi payé quelques cours de danse, mon loyer et les voyages pour l'accompagner à New York. Tout était sous contrôle pendant 2 ans avec son manager. Au bout de ce temps, je me suis fatiguée. Je déteste être sous contrat, avoir des contraintes… Donc je suis partie. J’ai toujours été indépendante et j’aime la liberté.
Vous avez même enregistré un single avec lui: «Star».
Qui n’est jamais sorti, c’est ça. C’était pas mal. Je disais à son management: «Quand est-ce que ça sort?» Et on me répondait: «Attends, on est en train de préparer sa tournée.» J’allais attendre combien d’années? J'en ai eu marre et j'ai pris la porte.
Vous êtes restée en bons termes avec David Bowie ?
Ah non! Plus aucun contact! Lui est resté en Amérique à faire ses tournées et se droguer. Moi, je suis rentrée en Europe pour démarrer ma carrière. Je n'avais plus le temps de revenir à mes premières amours avec Bowie, qui habitait à New York, ou avec Bryan Ferry à Londres. Je les ai tous un peu perdus de vue.
D’ailleurs, vous dites avoir beaucoup de mal avec les personnes qui se droguent.
J'ai une allergie totale des gens qui se droguent. Je trouve que c'est une faiblesse impardonnable. Je peux à la rigueur comprendre les gens qui picolent un peu pour la fête. Mais se droguer en disant «je suis malheureux, donc je me drogue», je déteste ça.
Votre ex-compagnon Salvador Dalí pensait de la même manière, non ?
Il était très antidrogue. D'ailleurs, c'est très curieux car les hippies se disaient: «Cet artiste doit être drogué. Il peint des visions psychédéliques, des choses tellement cauchemardesques. C'est un peu ce que l'on voit quand on prend notre LSD ou notre acide.» Ils étaient tous persuadés qu'il était défoncé, alors que pas du tout. Dalí disait: «Vous vous droguez pour voir des arcs-en-ciel? Vous prenez un verre d'eau minérale et vous pouvez aussi les voir.» Il aimait beaucoup dire que la drogue c'était lui.
Il ne s'énervait jamais contre vous ?
Je ne l'ai presque jamais vu en colère. L'une des rare fois était quand Kirk Douglas tournait un film à Cadaques (E). C'était un long-métrage tiré d'une histoire de Jules Verne. Un navet pas possible. Une fois, il m'a prise à part et m'a dit: «Tu peux me trouver de quoi fumer? J'aime bien un petit joint de temps en temps.» J'ai parlé à des jeunes à cheveux longs qui m'en ont donné un sur la place à côté. Lorsque Dalí a découvert ce que j'ai fait, c'était la fin du monde. «Jamais plus je ne vous verrai, si vous recommencez», a-t-il hurlé.
L'amour aujourd'hui ? Vous en êtes où ?
Vous savez ce qui est amusant? La séduction. Mais, après ce stade, la consommation c'est toujours pareil. C'est qui est fait est fait.
Il y a encore beaucoup d'hommes qui vous courent après ?
(Rires.) Il y a plein de gens qui me font la cour, mais ça m'intéresse que moyennement. C'est flatteur et rassurant quand vous arrivez à un âge où normalement on ne devrait même plus vous regarder. Je me dis que je ne suis pas encore bonne à jeter à la poubelle.
Vous pensez être capable de revivre une relation ?
Avoir une histoire d'amour est très fatigant. Je tombe amoureuse toute la journée. Cela dure cinq minutes, trente secondes et après on ne se revoit jamais plus. C'est cette espèce d'émotion qui est formidable. Mais s'engager dans une histoire c'est insupportable. Il y a la jalousie, la possession, il faut rendre des comptes...
Si vous aviez l'occasion de boire un verre avec quelqu'un maintenant, ce serait qui ?
Une personnalité connue? Oh, je préfère répondre avec ce beau garçon que j'ai croisé ce matin. (Rires.) Il y a beaucoup d'acteurs américains séduisants, mais je ne suis pas une groupie. Je ne fais pas partie de ces personnes qui ont absolument besoin d'avoir un selfie avec Brad Pitt ou George Clooney. Je choisirais des gens intéressants, comme Adrien Brody.
Pourquoi ?
Déjà physiquement il m'intéresse car j'aimerais qu'il joue Salvador Dalí. Un biopic est en préparation. Malheureusement, ils sont en train d'en tourner un autre à Londres avec Ben Kingsley et Ezra Miller, qui joue Dalí jeune. Vous l'avez peut-être déjà vu dans «Les Animaux fantastiques».
Qui verriez-vous pour jouer votre rôle ?
Il faut revenir quarante ou cinquante ans en arrière. Quand j'ai rencontré Dalí j'étais blonde, très maigre, très grande et mannequin chez Paco Rabbane. Il faudrait trouver une jeune actrice ou un top avec ce physique. Pour mon biopic, on me proposait Léa Seydoux. Elle est très jolie, mais elle est pulpeuse, ronde... Ce n'était pas du tout mon physique.
Que pensez-vous de la polémique autour de Yann Moix qui se dit incapable d'aimer le corps d'une femme de plus de 50 ans ?
Yann Moix est un imbécile total! Je n'aime pas ses livres. Il dit n'importe quoi, comme tous ces gens qui ont envie de faire le buzz à deux semaines de la sortie de son bouquin. Qu'il n'aime que les femmes asiatiques, ça le regarde. Mais de là à dire que toutes les autres sont à chier... Non! Cela ne veut pas dire que toutes les autres sont moches. Je suis sûre qu'il n'a pas voulu insulter les femmes de 50 ans, chacun ses goûts. Mais, aujourd'hui, on ne peut plus rien dire. C'est comme si je disais: «Je n'aime pas les mecs qui jouent au golf, ça m'emmerde.» C'est vrai que les hommes après un certain âge aiment ce sport donc je ne me vois pas sortir avec un monsieur âgé. J'aime être avec de jeunes gens qui sont plus dynamiques, enthousiastes, plus naïfs. Mais si je dis ça, on va dire: «Elles aussi pensent que les vieux sont nuls.» Alors que non, chacun ses goûts.
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