dimanche 7 décembre 2014

AMANDA LEAR


écorche, égratigne, dénigre, cette parodie d’une télé sclérosante a tapé dans le mille


Mais qu’est-ce qu’elle ne ferait pas Claire Bartoli, alias Divina, interprétée de main de maîtresse par Amanda Lear, pour ne pas sombrer dans le plus parfait anonymat, elle qui, en présentatrice star de la télé, apprend par inadvertance qu’elle a été dépossédée de son sceptre ! Personnage infâme, Divina, chantre du « tous pour moi et moi pour tous », n’a de cesse de cracher son venin pour un oui ou pour un non. A tel point que dans les travées gloussements récurrents ainsi que rires francs et massifs étaient de rigueur tant la caricature portait à la déraison et à la dérision.


Ejectée d’un siège prisé à son corps défendant
« Ma patronne ne supporte aucune contrariété. Ma patronne est depuis vingt-cinq ans celle qui compte, les autres n’existent pas. Elle n’a jamais songé à cette chute. Notre patronne est renvoyée, et nous aussi par la même occasion. » La comédie jouée samedi soir à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône démarrait sur les chapeaux de roue avec cet aveu de l’assistant-tête de Turc de Divina, le peu futé Jean-Louis, coudoyé par le très fantasque costumier Eros, ô combien efféminé ! Lorsqu’elle découvre de manière fortuite dans un journal qu’elle est remerciée, le sang de la grande prêtresse ne fait qu’un tour. « Je suis foutue », balance-t-elle. L’amorce d’une descente aux enfers ? Que nenni ! Ce serait mal jauger l’ensemble des subtilités de langage et son inextinguible envie de renverser la vapeur par tous les moyens possibles et imaginables. L’estime de soi n’a pas de frontières. D’où la porte ouverte à tous les excès, pourvu que la souveraine tienne coûte que coûte son rang. Et les spectaculaires décors mouvants d’augmenter la fiabilité de la chronologie des événements.

Réduite à fixer l’attention des téléspectateurs sur la recette des pâtes au brocoli
L’émission de cuisine « Divinement bon pour vous servir » va lui fournir l’occasion de retrouver de sa superbe. Hautaine, dédaigneuse et finaude, Claire Bartoli, qui ne se sépare jamais de son 7 d’or ni de ses propos orduriers, ne peut  réprimer sa morgue. « Une petite émission de cuisine minable sur une petite chaîne de la TNT minable. La reine a décidé d’aider un débutant à lancer son émission. Je suis ici uniquement pour mon intérêt personnel. Ne vous occupez plus de rien les enfants, Divina est là ! Je veux bien me ridiculiser pour le bien d’autrui, mais il y a des limites.» Son approche peu académique (« cette langue de vipère me chatouille toujours la bouche ») n’a pu qu’être envoyée sur les roses au début par l’animateur Baptiste, son ex qui plus est. « Je ne suis pas certain que le recyclage d’une reine usagée soit la meilleure solution », a-t-il jeté en forme de récrimination. Seconde de Baptiste, Emilie s’avère d’une jalousie destructrice, ce qui ne l’empêche pas d’être écartée. Débaptisée, l’émission devient « La cuisine de Divina et Baptiste ». Le climat passionnel des deux anciens tourtereaux remonte à la surface, avec complexité. L’imbroglio se généralise : Eros relooke Emilie –dont Jean-Louis est follement amoureux-, et cette dernière monte au créneau en apparaissant dans l’émission culinaire avec une petite robe- salade !

            Les infos en guise de soins palliatifs

L’évolution des choses fait que la vérité d’hier n’était plus celle du lendemain. Et pour cause. Eros révèle qu’en fait il se prénommait Helmut, Emilie va convoler en justes noces au bras de Jean-Louis. Pour sa part, Baptiste présentera une émission de bricolage. Quant à la seigneuresse en quête de réhabilitation, elle va elle-même annoncer sa transfiguration : « Divina est morte. Claire Bartoli est ressuscitée. Amen ! » La grignoteuse d’audimat finira par abandonner ses employeurs, pour, conformément à son irrépressible besoin d’exister, occuper un fauteuil insolite. Celui de la présentatrice du journal télévisé de 20 h. Indécrottable notoriété quand tu nous tiens…
Elle a multiplié les conquêtes masculines, partagé la vie de Bowie, Bryan Ferry, Brian Jones et surtout Salvador Dali dont il fit sa muse et lui enseigna la mise en scène de sa propre personne.
Divina, c’est votre double ?

Ah non pas vraiment, d’ailleurs j’ai quitté la télévision italienne de mon propre chef depuis plus de dix ans. J’ai fait les beaux jours de la télévision de Berlusconi et je suis partie à l’arrivée de la téléréalité. Mais l’auteur de la pièce a bien rendu ces gens sans foi ni loi. Je connais trop bien ce milieu, de gens qui se servent les uns des autres, ils sont abominables.

                                                    Photo Privé Simon Oldani alias Baptiste qui va être sur le ... des confidences de Claire Bartoli ...


Ou avec le bel Mathieu Delarive ? 

L’activité qui pour vous est terminée ?

La télévision, oui c’est fini, je suis au théâtre, c’est une famille. Nous devons être soudés, on compte les uns sur les autres. C’est impossible de jouer si l’on ne s’entend pas avec son partenaire. Impossible de couper, de refaire la prise pour un meilleur éclairage, un lapsus comme on le fait au cinéma ou à la télévision.




Quelle profession avez-vous fait inscrire sur votre carte d’identité ?

Star… Les gens se moquent de Delon mais c’est une vraie profession, un métier. Il faut être prêt, impeccable pour ne pas décevoir le public, ne pas le lasser. Moi, je me lasse très facilement, c’est pour cela que je pars toujours la première en amour pour ne pas me faire larguer.



Votre vraie nature ?

On me croit superficielle, je suis en fait très disciplinée, un vrai petit soldat prussien. Déjà, quand je chantais des conneries disco. J’ai chanté à Berlin la semaine dernière dans le cadre d’une soirée contre le Sida et même si je n’avais que quelques chansons, j’ai répété très sérieusement la moindre chose.

Votre moteur chaque soir ?

La pression, c’est casse-gueule, on peut oublier son texte, avoir des problèmes techniques. Nous avons eu une fois une panne d’électricité et nous sommes restés plantés là. Le théâtre est fait de tous ces impondérables. Il faut de la discipline, on ne boit pas, on ne fume pas… Je suis formatée mais le manque de liberté, c’est aussi une très bonne chose.

                                Le théâtre rend fou ! Cédric Moreau photo François Primery 
      Petit Entretien Privé avec Cédric Moreau: « Le boulevard est de qualité »

Cédric Moreau interprétera Jean-Louis dans Divina , dimanche. L’assistant de Claire Bartoli alias Amanda Lear doit lui annoncer que son émission est arrêtée. Il sait que ce sera un véritable drame pour la star du petit écran.

Divina de Jean Robert-Charrier, mise en scène par Nicolas Briançon, sera jouée samedi au théâtre de Montluçon et dimanche à l'Opéra de Vichy.

Sur scène Amanda Lear, Simon Oldani, Andy Cocq, Camille Hugues et Cédric Moreau. Ce dernier a passé son adolescence à Moulins, il est ravi de revenir dans l'Allier.

 Parlez-nous de votre personnage Jean-Louis ? 
Jean-Louis est l'assistant de la grande star de la télé Claire Bartoli interprété par Amanda. Il reproduit la relation qu'il a avec sa mère avec sa patronne. Il fait un transfert. Mon personnage essaye de faire les choses bien, mais il n'y arrive pas vraiment. Il a un côté un peu lunaire. En réalité, il est plus inadapté au monde qui l'entoure, que bête. Il va tout de même trouver l'amour. Tout finit bien !

Est-ce que Jean-Louis vous ressemble ? 
 D'un certain côté oui. Je suis assez complentatif et en tant que comédien je ne suis pas toujours en phase avec le monde.

 Après avoir joué Brecht et participé à des créations collectives, pourquoi avez-vous choisi le théâtre de boulevard ?
J'aime la diversité du théâtre. Depuis quelques années, il y a un mouvement qui redore le  blason du théâtre de boulevard. Ce renouveau, insufflé notamment par Pierre Palmade et d'autres jeunes auteurs comme Jean Robert-Charrier, montre que la comédie peut être subtile et de qualité. Dans Divina, le spectateur n'est pas pris pour un idiot. 

 Quelle est l'ambiance avec vos partenaires ? 
 L'équipe de la tournée qui a commencé début octobre est différente de celle qui a joué les représentations parisiennes. Amanda est la seule constante. J'ai lié une amitié avec elle lors de Lady Oscar. J'ai découvert les autres comédiens avec qui tout se passe bien. On sait qu'on peut compter les uns sur les autres, c'est très important.
 
                                                     Marie Collinet pour La Montagne.fr

Jean Louis & Eros
" Si avec ça, elle n'est pas contente ! Uno petit top djaune "

                              


Votre prochain défi ?

Une autre pièce. Nicolas Briançon, le metteur en scène de Divina m’a fait très plaisir en me choisissant. J’avais de lui, l’image d’un metteur en scène de textes classiques et j’ai apprécié qu’il s’intéresse à moi et au boulevard en y mettant les moyens que l’on donne d’habitude au théâtre classique. C’est un vrai bonheur quand des metteurs en scène me font la cour. Michel Fau est venu me voir, je l’adore et nous travaillerons ensemble l’an prochain. Je viens de recevoir un texte d’Arrabal, il est cinglé mais c’est flatteur.



Sur votre épitaphe, vous souhaitez toujours inscrire
« No more shopping » ?

Oui, rires mais vous savez le shopping ce ne sont pas simplement les fringues, il y a les chaussures, les sacs. Le shopping est la seule chose qui reste quand on est en tournée. On visite une ville et on se fait plaisir. J’achète souvent plein de choses : pendules, pots de fleurs. Je rapporte des souvenirs.

Jsl Loisirs Direct Link

Compte Rendu de Marion, une blogueuse bruxelloise qui est allé voir Divina le 5 décembre 2014 !

Avec Divina, Amanda Lear remonte sur les planches et partage une nouvelle fois son énergie et ses réparties cinglantes avec un public déjà conquis. On retrouve avec un certain plaisir beaucoup des ficelles qui ont fait le succès de Panique au ministère (2009-2010, mis en scène par Raymond Acquaviva).

Amanda Lear interprète Claire Bartoli, alias Divina, une présentatrice de télévision aux manières de Diva du PAF. Apprenant par la presse qu’elle est débarquée de son émission, flanquée de son exubérant styliste et de son attaché de presse timide, elle va tenter de trouver dans l’urgence une alternative afin de ne pas disparaître du paysage audiovisuel. Faute de mieux, elle devra tenter une reconversion dans l’émission culinaire dans laquelle son style surprendra à coup sûr !
Le décor est sobre, moderne et laisse la part belle aux outils numériques. Un exercice d’incrustation en direct, avec scène réelle filmée à gauche du plateau devant écran bleu et émission montée à droite, est surprenant et réussi.
Amanda Lear est entourée d’acteurs de talent, qui partagent une belle énergie avec le public. Camille Hugues passera de l’adulescente timide à l’extravagante et enflammée héritière d’une Divina qui finira par tomber le masque. On imagine dès sa première apparition qu’on verra à un moment le caleçon de Simon Oldani… et on ne sera pas déçu !
Une belle complicité existe dans cette équipe et on la ressent

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